Sous le titre « L’exemple marocain », « Le Canard Enchaîné » écrit, ce mercredi 15 avril, qu' »Il existe un pays à moins de deux heures d’avion de Paris où le port de masque est obligatoire. Et où les masques sont en vente dans les rayons de tous les supermarchés pour la modique somme de 8 centimes ». « Un prix fixé par l’Etat », précise-t-il.
« Non seulement ce pays, le Maroc, a pu équiper tous ses citoyens, mais il s’apprête aussi à en exporter, à partir du 15 avril, vers d’autres nations européennes et arabes », relève le journal au ton généralement mordant et critique.
« Pour parvenir à cette autosuffisance, souligne « Le Canard Enchaîné », le royaume chérifien a réussi à produire 5 millions de masques quotidiennement, au cours des derniers jours ».
« Un record battu par deux entreprises de Casablanca et de Marrakech, qui ont été mobilisées dès le début de la pandémie » par Rabat, note-t-il, indiquant que huit autres sociétés sont en train de se convertir pour améliorer ce résultat.
« Faut-il préciser que tous les agents des ministères de la Santé, de la Défense et de l’Intérieur sont équipés de masques ? », relève « Le Canard Enchaîné », avant de reconnaître que c’est « un exploit qui fait rêver, dans l’Hexagone… »
En France, « le gouvernement a certes crée, au ministère de l’Economie, une direction spéciale pour tenter de rattraper le retard, mais il suffit de comparer les situations française et marocaine pour en conclure que, question mobilisation industrielle, il y a des leçons à prendre de l’autre côté de la Méditerranée », conclut « le Canard Enchaîné ».
En pleine polémique sur la pénurie des masques en France au moment où le nombre de morts du coronavirus dépasse les 15 000, le président Emmanuel Macron a promis hier, sans rentrer dans les détails, des masques « grand public » ou « alternatif » pour le 11 mai qui devrait signer le début d’un déconfinement.
Dès le début de la pandémie, le personnel médical avait découvert effaré que la France ne disposait pas du stock nécessaire de masques pour faire face à l’épidémie.
Le gouvernent n’a cesser de marteler que les masques étaient inutiles contre le coronavirus quand on n’est pas malade, avant d’ajuster il y a six jours son discours sur l’usage des masques.
Selon un sondage réalisé entre le 8 et 9 avril par Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro, 76% de Français se disent persuadés que le gouvernement leur a menti sur les masques « en les dissuadant d’en porter parce qu’il n’y en avait pas suffisamment ».
Un collectif nommé C 19, réunissant à ce jour plus 600 praticiens, a porté plainte, jeudi 19 mars, contre l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn et le premier ministre Édouard Philippe pour « mensonge d’État ». Ils ont saisi la Cour de Justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.
Après son enquête publiée le 2 avril, Mediapart revient le 10 avril, avec une nouvelle enquête accablante qui « retrace les dysfonctionnements au sommet de l’État, qui ont mené à la pénurie de masques en France. »
Sous le titre « Masques, Après le mensonge, le fiasco d’Etat », l’enquête montre que la France n’arrive toujours pas, trois mois après le début de l’épidémie sur son territoire, à faire face à ses besoins les plus élémentaires, à commencer par l’équipement des soignants au contact du virus.