Maroc : Qui sont les 5 nouveaux ministres nommés lundi par Mohammed VI ?

Narjis Rerhaye (A Rabat)

C’est fait. Mohammed VI a nommé en fin d’après-midi de ce lundi 22 janvier 2018 trois ministres, un ministre délégué et un secrétaire d’Etat qu’il a reçus en audience au Palais royal de Casablanca. Saadeddine El Othmani, le chef de gouvernement, peut pousser un "ouf" de soulagement. Son Executif est au grand complet. Les postes vacants laissées par les ministres limogés par le roi en octobre dernier, dans le sillage de l’affaire "Al Hoceima" et son programme de développement, ont désormais des locataires après de nombreux va et vient de listes et contre listes.

La création d’un nouveau ministère, celui en charge de la coopération africaine, annoncé par le souverain à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement est, elle aussi, effective. Un ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères chargé de la coopération africaine a été nommé. Mohcine Jazouli, à la tête de ce tout nouveau ministère, est d’ailleurs la grande surprise de ces nouvelles nominations.

L’homme est connu et respecté dans la communauté casablancaise des affaires. Champion national du consulting, il est le fondateur de Valyans, issu d’un rapprochement entre Ernst & Young Conseil et Arthur Andersen Conseil.

Expert reconnu et entrepreneur chevronné, Mohcine Jazouli a réussi à faire de Valyans une enseigne marocaine qui s’est forgée une place à l’international tout en se développant également en Afrique. Il y a quelques mois, les équipes de Valyans Consulting ont été retenues pour procéder à un audit des chantiers lancés par Mohammed VI en Afrique.

Politiquement, la majorité gouvernementale est restée intacte. Ce sont le Mouvement populaire et le PPS qui reviennent aux commandes des départements qu’ils occupaient respectivement. Ainsi le PPS (ex-communistes) a gardé dans sa besace l’habitat –département aux destinées duquel présidait le leader du parti, Nabil Benabdallah- et la santé. Quant au MP, il continuera de veiller sur l’éducation nationale et la formation professionnelle.

C’est le président de l’université Mohammed V, Said Amzazi qui a succédé à Mohamed Hassad à l’éducation nationale. Ce Haraki discret , ancien doyen, a désormais l’épineuse mission de conduire la réforme de l’enseignement primaire et secondaire et, surtout, de réhabiliter l’école marocaine. Ce spécialiste en immunologie connait bien le monde de l’enseignement. Tout au long de sa présidence à l’université Mohammed V, il n’a eu de cesse de réfléchir aux bacheliers qui débarquent sur les bancs de l’université.

"Le maillon le plus faible de notre système universitaire, celui qui mériterait de toute urgence d’être amélioré, reste incontestablement le bachelier, tel qu’il arrive chez nous, dans les filières à accès ouvert bien sûr. Il s’inscrit en Licence fondamentale généralement par défaut, n’ayant pu réussir aucun concours, il n’a pas encore assez de maturité pour faire un choix de filière suffisamment éclairé, et une fois sur les bancs des amphithéâtres, il doit faire face à une fracture linguistique très handicapante par rapport au système du secondaire, sans compter qu’il manque très souvent d’autonomie, d’esprit de synthèse et qu’il a du mal à adopter les méthodes de travail universitaires", déclarait-il dans une interview accordé nos confrères du Matin.

Said Amzazi sera épaulé à la formation professionnelle par Mohamed Rherass, lui aussi du Mouvement populaire, qui quitte la direction de la jeunesse, au ministère de la Jeunesse et sports –où il assurait l’intérim du secrétaire général également limogé- pour assurer la fonction de secrétaire d’Etat à la formation professionnelle. Ce lauréat de l’université Al Akhawayne est également titulaire, d’un master en coopération internationale de l’Université de Kyung Hee en Corée du Sud et de certificats de management de projets de l’Université de Stanford aux États-Unis.

Deux membres du bureau politique du PPS font leur entrée au gouvernement Elothmani II. Il s’agit de Abdelahad Fassi nommé ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville et Anas Doukkali, le nouveau locataire du ministère de la Santé.

Militant à l’engagement sans faille, Abdelahad Fassi a souvent élaboré les programmes socio-économiques du PPS lors des rendez-vous électoraux. Il a également contribué à l’élaboration du programme gouvernemental actuel. "C’est un homme de contenu", résument ses "camarades" qui n’en finissent pas de louer son sens des valeurs. Abdelahad Fassi, dont le frère Omar a été secrétaire d’Etat à la Recherche scientifique sous le gouvernement d’alternance, défend l’idée d’une “gouvernance démocratique” plutôt que de bonne gouvernance…

Pour lui, "le chef du gouvernement et le gouvernement dans son ensemble auront une responsabilité que je considère essentielle : celle de définir une vision et une stratégie globale de développement permettant de mettre en cohérence les différentes approches sectorielles."

Dans le cadre du 10ème congrès du PPS, M. Fassi préside la commission politique et du programme. Beaucoup voit déjà en lui un potentiel successeur de Nabil Benabdallah à la tête du parti des anciens communistes.

Anas Doukkali, son pair au bureau politique, est connu pour sa capacité à fédérer sans heurter. A l’ANAPEC qu’il dirige depuis 2015, il a su mener une réforme en douceur. Ce docteur en chimie physique, né à Rabat en 1973, a été Professeur Assistant à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat. Chercheur au Centre National des Sciences et des Techniques Nucléaires, CNESTEN, où il a été responsable de Laboratoire d’Analyses en Environnement.

Cet homme de terrain qui a été tout à la fois élu local et député est désormais ministre de la Santé. Il succède à Houssine Louardi dont il n’a pas les mêmes méthodes. L’homme c’est, dit-on, le style. Saura-t-il imprimer le sien à la tête de ce département.

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