Peu après avoir été l’hôte d’un atelier international sur l’économie palestinienne, Bahreïn a annoncé la semaine dernière qu’il accueillerait une conférence mondiale sur la sécurité maritime après une série d’attaques impliquant des pétroliers et des drones dans le Golfe.
Au même moment, le royaume a fait la Une avec l’annonce d’une rencontre inédite à Washington de son ministre des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Ahmed Al-Khalifa, avec son homologue israélien Israel Katz.
"Le fait d’accueillir des forums, comme l’atelier sur la Palestine, et de tendre la main à Israël, sont une tentative de projeter une image de tolérance et dlouverture", a déclaré à l’AFP Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres.
Cet analyste a estimé que "l’image d’un pays libéral et ouvert a pris un coup depuis 2011", avec la répression des manifestations de chiites.
Selon Simon Henderson, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, la rencontre entre M. Katz et cheikh Khaled – dont les pays n’ont pas de relations diplomatiques – a eu un écho favorable à Washington.
Situé entre l’Arabie saoudite et l’Iran, deux puissances rivales, Bahreïn a connu des années de troubles avec les protestations des chiites qui réclamaient une véritable monarchie constitutionnelle.
"Image chahutée"
Bahreïn nie toute mesure discriminatoire à l’encontre de ses citoyens et accuse l’Iran de soutenir des dissidents dans le but de renverser le gouvernement de Manama, ce que dément Téhéran.
"Bahreïn reste très préoccupé par la menace iranienne et par l’influence de Téhéran sur ses citoyens chiites", a relevé M. Henderson.
Selon lui, le retrait de la citoyenneté a été un moyen de décourager parmi la population la sympathie pour l’Iran, mais cette politique "peut être révisée" à la suite de critiques accrues.
En avril, le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a ordonné le rétablissement de la citoyenneté de 551 Bahreïnis. Deux mois plus tard, une cour d’appel a annulé la décision de retirer la citoyenneté de 92 chiites jugés pour avoir formé un groupe "terroriste" lié à l’Iran.
Selon M. Krieg, l’image de tolérance que Manama tentait de projeter a été "chahutée par le répression permanente de la société civile".
Contre l’Iran
Bahreïn a été au centre de l’attention internationale lorsqu’elle a été choisi par le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, pour lancer le volet économique de son plan de paix pour le Proche-Orient.
La réunion, fin juin, s’est tenue dans un contexte de tensions accrues dans le Golfe, Washington accusant Téhéran d’être à l’origine d’une série d’attaques de pétroliers près du détroit hautement stratégique d’Ormuz, accusations réfutées par l’Iran.
Dans ce contexte, Bahreïn a annoncé le 18 juillet qu’il allait accueillir, à une date non précisée, une conférence sur la sécurité aérienne et maritime et les moyens de faire face à la "menace iranienne".
Pour Neil Partrick, un analyste du Moyen-Orient basé à Londres, Bahreïn cherche ainsi à "renforcer sa sécurité en se rendant indispensable".
"Bahreïn veut que les alliés internationaux et régionaux l’aident contre l’Iran, une stratégie risquée mais facilitée par l’accueil de la 5e Flotte américaine et d’une base navale britannique", a-t-il déclaré.