Depuis son accession au Trône il y a 20 ans, le Roi Mohammed VI a mis le patrimoine historique et artistique d’un des plus vieux pays du monde arabe au service de sa stratégie de développement économique et d’influence diplomatique. Longtemps, quelques écrivains et artistes de renommée mondiale ont assuré la présence culturelle marocaine dans le monde. Mais quelques brillantes individualités ne suffisent pas à conquérir les cœurs et les âmes dans une mondialisation saturée de concurrence culturelle.
Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, féru d’art et de culture, toutes les forces créatives de la société ont été mobilisées pour faire du Royaume un acteur majeur du soft power. Avec de véritables réussites : le festival du cinéma de Marrakech, lancé il y a dix-huit ans, est devenu un rendez-vous incontournable pour les cinéastes et les acteurs du monde entier. Même éclat pour le festival Mawazine, le festival des Musiques Sacrées du Monde, le festival Gnaoua et Musiques du Monde, le Concert pour la tolérance ou encore le « Marrakech du rire » qui a fait du stand up un label marocain particulièrement influent dans la jeunesse africaine et européenne. Le numérique fait également l’objet d’une priorité avec la présence massive des artistes marocains sur les grands réseaux sociaux qui leur assurent une notoriété jusque-là confinée aux frontières du Maroc.
Cet élan collectif s’exprime également dans la vitrine architecturale. L’architecture marocaine connaît une véritable révolution ces deux dernières décennies. Construite sur un partenariat réussi entre les plus grands cabinets architecturaux du monde et ceux du Royaume, elle signe des réalisations spectaculaires qui enracine l’image de dynamisme et de modernité que veut renvoyer le Maroc : le Musée d’Art Contemporain et Moderne, la Tour Mohammed VI de Rabat, 250 mètres d’acier, de verres et de matériaux écologiques ; les gares LGV de Kénitra, Tanger, Rabat et Casablanca, le CasArts nouveau théâtre de Casablanca qui érigera ses courbes imposantes et ondulées sur la place Mohammed V, celui de Rabat sur la rive de Bouregrag ou encore le futur Centre culturel marocain sur les bords de Seine parisiens.
Cette politique d’exposition et de grands travaux culturels s’inscrit dans une stratégie royale qui combine le développement économique, les avancées démocratiques et l’influence diplomatique. En témoigne la grande exposition à Rabat « L’Afrique en Capitale » et « Lumières d’Afrique » au Musée d’Art Contemporain et moderne Mohammed VI où pour la première fois dans l’histoire de l’art contemporain, 54 artistes de renommée mondiale, un pour chacun des 54 Etats du continent africain, présentent une œuvre créée à partir d’une même source d’inspiration: « L’Afrique des Lumières », sans oublier le lancement à Casablanca de « Prête-moi ton rêve » la grande exposition itinérante de 28 grands noms de l’art contemporain africain. Ces manifestations culturelles et artistiques accompagnent le retour en force du Maroc dans l’Union Africaine et la volonté royale de construire un leadership marocain sur le continent. Même le sport est mis au service de cette ambition. Tout le monde a remarqué les chaleureuses félicitations de Mohammed VI aux Algériens après la victoire de leur équipe à la Coupe d’Afrique des Nations de football. Diplomatie du tapis vert qui semble préluder le réchauffement des relations entre les deux grands voisins.
Cette effloraison culturelle a de puissantes retombées économiques et financières. La construction de musées dans toutes les grandes villes du pays qui mettent en valeur le patrimoine exceptionnel du royaume mais aussi toutes les facettes de l’art en général (comme l’exposition sur les Impressionnistes, conçue en partenariat avec la France) s’avère rentable avec la venue du Maroc et du monde entier de centaines de milliers de visiteurs. L’économie profite également de cet engouement avec l’image d’un pays en plein essor. Le Maroc a été l’un des premiers pays africains à faire le pari que la mondialisation lui serait bénéfique. Elle en recueille aujourd’hui les bénéfices.
La culture est enfin conçue par le souverain comme un rempart face à la montée du djihadisme. En ancrant l’ouverture séculaire du Maroc, en défendant un enseignement moderne, en renforçant le système éducatif et la lutte contre l’analphabétisme, le Royaume exprime sa volonté de promouvoir un « Islam du juste milieu » fondé sur la connaissance et le savoir. « Les armes ne sont rien sans le Livre », c’est le temps du Maroc.