Lettre à Mr Jean Paul Carteron

Dakhla, le 09/04/2015

A
Monsieur José María Gorroño,

Maire de la ville de Gernika

Monsieur le Maire,
Nous avons été littéralement sidérés lorsque nous avons appris votre intention de dédier le Prix Gernika pour la Paix et la Réconciliation à un individu dont nous et des milliers d’autres avons été les victimes de ses exactions.
Avec cette attention non méritée, les valeurs pacifistes se voient bafouées, piétinées et ce au profit des agissements sanguinaires d’un dictateur inamovible qui depuis plus de 40 années est indéboulonnable de son siège. Ce dernier en collaboration étroite avec les renseignements algériens avait réussi à éliminer, le véritable fondateur du Front Polisario, El Ouali Moustapha Sayed.

Monsieur le Maire,
Cerné de toute part et étouffé par la mainmise algérienne, El Ouali n’avait autre choix que l’opération suicide à savoir l’attaque de la capitale mauritanienne, Nouakchott. D’ailleurs, dans le cadre des liquidations physiques, le doute plane encore sur la mort suspecte de Mahfoud Ali Beyba ,ex-premier ministre et ex-négociateur principal du front polisario. Et , également sur la mort de Ismael Mohamed Fadel , jadis représentant du polisario à Paris et Londres.
Monsieur le Maire,
Une , deux , trois personnes peuvent mentir mais à ce que des millier de personnes sont consensuelles sur l’impérieuse nécessité de fuir les camps de tindouf et rallier le Maroc , cela suppose à ce qu’on y réfléchissent et y prêtent une attention particulière. Savez-vous que depuis la fin des années 80, à nos jours, plus de 8000 personnes (hommes, femmes, enfants, vieillards) ont fui les camps de tindouf et ce vu la terreur et la répression que fait régner ce dictateur auquel vous vous apprêtez à lui dédier le prix de la paix et de la réconciliation.
Monsieur le Maire,
Inadmissible est-il que ce prix de la Paix et de la réconciliation soit décerné à un individu qui a les mains tachées de sang et qui par-dessus le marché tout en s’entêtant dans la guerre persévère dans l’obstination à ne pas reconnaitre ses crimes et prêcher la réconciliation avec ses victimes.
Monsieur le Maire,
Le Maroc, il faut le dire, la première gestion des années de guerre fut pleine de maladresse et d’injustice. Cependant, le Maroc à partir des années 90, ajuste le tire et rompe définitivement avec cette politique. Il mènera une politique de réconciliation : le Maroc indemnise les sahraouis affectées par les années de terreurs. Tandis que sous la direction de celui à qui vous avez l’intention de dédier ce valeureux prix, le polisario encouragé et soutenu par son mentor algérien s’entête à ne pas reconnaitre le mal qu’il a fait aux sahraouis. Pour ne pas parler d’indemnisation et encore moins de réconciliation. Même après le soulèvement généralisé des populations des campements de tindouf qui était l’expression de l’exaspération et qui fut atrocement réprimé par la milice polisarienne, soutenue par l’armée algérienne, le polisario perdura dans l’entêtement. Depuis lors sa direction et à sa tête celui à qui malheureusement vous avez décidé de lui remettre le prix, a choisi le bricolage et l’opportunisme au lieu de s’orienter vers la voie de la réconciliation et de la paix et pouvoir ainsi se permettre d’espérer l’obtention de votre prix.
Monsieur le Maire,
Que le prix soit remis au médecin et psychologue sociale, Carlos Martín Beristain, pour son action au cours des trente dernières années dans le soutien et l’assistance aux victimes de conflits, nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais, à ce qu’on entache cet Honorable prix en le décernant à un sanguinaire comme le chef de la horde dirigeante du polisario cela fera remuer Alfred Nobel, Mahatma Ghandi et Nelson Mandela dans leurs tombes.
Ainsi au nom des victimes, des opprimées, de tous ceux qui ont été touchés voir meurtris et leur dignité bafouées par les actes barbares et sanguinaires de votre prétendant au Prix Gernika pour la Paix et la Réconciliation, Nous vous lançons un appel afin de ne pas remuer le couteau dans nos plaies encore fraiches et qui sont loin d’être cicatrisées et ce en attribuant ce prix à celui qui est derrière tous nos malheurs.

Recevez, Honorable Maire, l’expression de ma haute considération.

Semlali Aabadila

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