Les « gilets jaunes » de retour dans la rue pour défier le gouvernement français
Après l’arrestation d’une de leurs figures médiatiques, les « gilets jaunes » lancent samedi « l’acte VIII » de leur mobilisation dans plusieurs villes de France pour peser sur le gouvernement qui dénonce des velleités « d’insurrection » et réclame le retour à l’ordre.
A Paris, deux principales actions ont été déclarées à la préfecture: une marche partira de la place de l’Hôtel-de-Ville en début d’après-midi pour rallier l’Assemblée nationale et un rassemblement est prévu sur les Champs-Élysées, haut lieu de contestation lors des précédents week-ends.
Vers 8H30, une quinzaine de fourgonnettes de CRS étaient stationnées en bas de la célèbre artère et à proximité de l’Arc de Triomphe, mais seule une poignée de manifestants étaient pour l’heure visible, a constaté un journaliste de l’AFP. Le trafic était par ailleurs normal sur l’ensemble du réseau des métros et autobus parisiens, selon la RATP.
C’est à proximité des Champs-Élysées qu’Eric Drouet, figure controversée du mouvement, avait été arrêté mercredi soir et placé en garde à vue une dizaine d’heures. Ce qui avait provoqué l’indignation de l’opposition et de "gilets jaunes", dont certains ont demandé au Défenseur des droits d’ouvrir une enquête pour sur ces "atteintes à la liberté".
Journée test
Cet "acte VIII" sera de fait un test pour ce mouvement de contestation inédit qui fait vaciller l’exécutif depuis un mois et demi mais qui a donné des signes d’essoufflement dans la rue ces dernières semaines.
Lors de "l’acte VII" du 29 décembre, 12.000 manifestants avaient été recensés en France à midi, d’après le ministère de l’Intérieur qui n’avait toutefois pas donné de chiffre global à la fin de la journée.
Le ministère en avait dénombré 38.600 le 22 décembre et surtout 282.000 le 17 novembre, lors de l’acte fondateur de ce mouvement qui a d’abord ciblé la hausse du prix des carburants avant de porter des revendications plus larges sur la fiscalité ou le droit à un référendum d’initiative citoyenne.
Fragilisé par cette contestation inédite, le chef de l’État Emmanuel Macron avait annoncé le 10 décembre une série de mesures, notamment une hausse de 100 euros des salaires au niveau du Smic, et promis dans ses voeux du 31 décembre un retour à "l’ordre républicain". Mais il n’est pas parvenu à éteindre la fronde.
"La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux", a prévenu ainsi le collectif de "gilets jaunes" "La France en colère" dans une lettre ouverte au président diffusée jeudi soir.
Face à cette détermination, le gouvernement a durci le ton contre les "gilets jaunes" encore mobilisés.
"(Le mouvement), pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d’agitateurs qui veulent l’insurrection et, au fond, renverser le gouvernement", a estimé vendredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.
Dans un télégramme du 29 décembre, le ministre de l’Intérieur avait par ailleurs appelé les préfets à la fermeté et à continuer à faire évacuer, y compris par la force, la "centaine de points de rassemblements" qui subsistent sur les axes routiers en France.
Pour ce week-end, le préfet des Pyrénées-Orientales a notamment interdit toute manifestation de "gilets jaunes" au niveau des barrières de péage et à la frontière entre la France et l’Espagne, au "vu des risques et des troubles à l’ordre public".
Pour éviter les débordements qui ont émaillé plusieurs mobilisations, 3.600 CRS et gendarmes mobiles seront déployés samedi en France, auxquels s’ajouteront notamment des compagnies de sécurisation et des policiers de la BAC, a appris l’AFP de sources concordantes.
Pour échapper aux forces de l’ordre, certains "gilets jaunes" semblent envisager une nouvelle stratégie basée sur la discrétion.
"La France en colère" a ainsi suggéré à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes samedi pour "se présenter dans les rues (…) comme les simples citoyens qu’ils sont".