Les retrouvailles entre le Maroc et L’Espagne ont disséminé des messages politiques à destination de l’Europe et du Maghreb d’une grande intensité. Ceux qui pensaient que la lune de miel entre Rabat et Madrid est aussi éphémère qu’une saison de printemps en ont pour leur frais.
Et pour cause. Les nombreux contrats de coopération qui ont embrassé tous les domaines de la vie économique et culturelle sont venues pour donner corps à la feuille de route élaborée entre les deux pays justes après que l’Espagne entame son processus de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Précédées par une conversation téléphonique entre Le Roi Mohammed VI et le chef de gouvernement espagnol Pedro Sanchez , les multiples cérémonies de signature, les nombreux discours de la part des chefs des deux délégations ont souligné une réalité politique irréversible. Les deux pays voisins, l’un à l’extrême Nord de l’Afrique, l’autre a l’extrême Sud de l’Europe ont décidé d’inscrire dans l’acier leur nouveau partenariat stratégique.
Cette rencontre au sommet, outre qu’elle a mis en exergue la qualité inégalable des nouvelles relations entre les deux Royaumes, a douché tous les espoirs du régime algérien.
Depuis le tournant espagnol sur le Sahara, Alger s’accrochait à l’espoir de voir Madrid revenir sur sa décision de soutenir le Maroc. Pour atteindre cet objectif, toutes les gammes de chantage ont été pratiquées, adossées à une intense campagne de lobbying à l’intérieur même de la société politique espagnole.
Toute la stratégie algérienne était nourrie par l’espoir de voir le gouvernement espagnol se soumettre aux nombreuses pressions et revoir à la baisse l’épaisseur de son alliance avec le Maroc. Or la rencontre au sommet entre les deux gouvernements marocain et espagnol est venue confirmer de manière spectaculaire que les deux pays ont entamé une phase de non-retour dans leur nouvelle alliance.
Pour L’Espagne, le Sahara est et restera marocain. Cette puissante réalité a été un choc pour le régime algérien qui, contre vents et marées, continue de nourrir sans espoir le fantasme des séparatistes du Polisario.
L’autre message politique et diplomatique de ces retrouvailles entre le Maroc et L’Espagne n’aura pas échappé à la France avec laquelle Rabat entretient des relations froides depuis des mois. Cette vive tension, que le Quai d’Orsay français refuse de qualifier de crise, a un fond politique marqué par une grave divergence. Le Maroc demande à la France comme il l’avait fait pour l’Espagne de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Quand Madrid fait passer ses intérêts supérieurs au premier plan et répond positivement, Paris hésite et s’enferme dans une logique d’embrouillamini politique qui complique les relations entre deux pays historiquement liés par un partenariat stratégique.
En mettant en scène ses retrouvailles avec l’Espagne de manière aussi spectaculaire, le Maroc tente aussi d’exporter à ses alliés au sein de l’Union européenne, dont La France, ce modèle de partenariat basé sur le respect de la souveraineté des fondamentaux de chaque pays. Un fois leur positionnement sur le Sahara clarifié, la nature de la coopération sous toute ses formes peut prendre une ampleur sans limite.
Comme dans la nouvelle configuration lancée depuis Rabat, l’unité du Maroc fait dorénavant partie intégrante des intérêts de l’Espagne, il n’est pas exclu que Madrid puisse jouer au sein des instances européennes le rôle de sensibilisation politique de ces pays, notamment les plus hésitants, face à l’importance et à la nécessité de clore cette discorde, nourrie et armée par Alger, en y consacrant la souveraineté marocaine sur ses territoires sahariens.
Il n’est d’ailleurs pas exclu aussi pour ce gouvernement espagnol de prendre des mesures pour limiter les champs des activités du Polisario et de leurs sympathisants en Espagne. Une manière de mettre fin aux rêves séparatistes qui ont longtemps trouvé écho et soutien au sein d’une frange de la société espagnole, nostalgique de cette ancienne puissance coloniale du Sahara.
En scellant leur nouvelle alliance, Rabat et Madrid ont tué dans l’œuf les espoirs d’Alger, bloqué l’horizon de l’aventure séparatiste du Polisario, bousculé avec délicatesse la dynamique de coopération avec Paris en proposant une alternative à la crise et provoqué une onde de choc au sein de l’Union européenne, dont le Maroc attend de cueillir les fruits avec demain la possible élaboration d’une position commune des 27 sur le Sahara marocain .