Le tireur présumé de Strasbourg toujours introuvable, la police lance un appel à témoins

La police nationale a lancé mercredi un appel à témoins pour retrouver l’auteur présumé de l’attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt, activement recherché depuis l’attaque sur le marché de Noël mardi soir qui a fait 2 morts et un blessé en état de mort cérébrale.

"Attention, individu dangereux, surtout n’intervenez pas vous-même", a mis en garde la police nationale sur son compte Twitter, décrivant un individu de 1,80 m, "peau mate" et "corpulence normale" avec une "marque sur le front", et appelant toute personne en possession "d’informations permettant de le localiser" à composer le 197.

Né à Strasbourg et fiché "S" ("sûreté de l’Etat") pour sa radicalisation islamiste, ce jeune homme de 29 ans a un passé judiciaire très lourd avec déjà pas moins de 27 condamnations. Il est soupçonné d’avoir ouvert le feu mardi peu avant 20H00 dans des rues commerçantes du centre historique de Strasbourg, à quelques mètres du grand sapin du célèbre marché de Noël. Douze personnes ont également été blessées.

L’assaillant, doté d’une arme de poing et d’un couteau, a ensuite échangé des tirs avec les forces de l’ordre, qui l’ont blessé au bras. 720 membres des forces de l’ordre sont actuellement à sa recherche et le président Emmanuel Macron a décidé d’accroître la mobilisation des militaires dans le cadre de l’opération Sentinelle, a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe, avec 1.300 hommes supplémentaires dans les jours à venir en plus de ceux déjà mobilisés pour assurer "la sécurisation" des sites et "garantir la sécurité des Français", a déclaré M. Philippe.

Selon le colonel Patrik Steiger, porte-parole de l’état-major des armées, une patrouille de cette opération Sentinelle, "alertée par les tirs", s’est dirigée vers la place Kléber et "est tombée dans une rue adjacente, nez à nez ou presque, avec l’assaillant". "Pris à partie par l’assaillant, les deux soldats de tête ont riposté, ce qui a provoqué sa fuite".

"Trois personnes, des citoyens, ont tenté de l’interpeller. L’une d’elles a été blessée à coups de couteau", a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, parlant de "héros".

Dans des circonstances encore floues, l’assaillant a réussi à prendre un taxi pour se rendre dans le quartier du Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu’il ne disparaisse.

Les autorités ont pensé un moment qu’il pouvait avoir passé la frontière et s’être réfugié à Kehl, juste de l’autre côté du Rhin, mais une intervention des polices française et allemande n’ont pas permis de retrouver sa trace.

"Au regard du lieu ciblé, du mode opératoire employé par l’assaillant, de son profil et des témoignages recueillis auprès de ceux qui l’ont entendu crier +Allah Akbar+, la section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie des faits", a annoncé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz.

L’assaillant compte 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droit commun.

"Il a déjà été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l’administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015", a ajouté M. Heitz, confirmant qu’il était inscrit au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et faisait "l’objet d’un suivi de la DGSI".

Il devait être interpellé par les gendarmes mardi matin dans le cadre d’une enquête de droit commun, quelques heures avant la fusillade donc, mais a échappé à cette arrestation.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "assassinats, tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Les parents et deux frères de l’assaillant ont été placés en garde à vue, tandis que "plusieurs perquisitions" ont été réalisées dans la nuit de mardi et mercredi dans des lieux que le suspect est "susceptible de fréquenter", a précisé M. Heitz.

Pour d’évidentes raisons de sécurité, le marché de Noël, qui attire chaque année deux millions de touristes, a été fermé mercredi et le restera jeudi. Le préfet estime que les conditions de sécurité ne sont pas encore suffisantes. Mais l’ensemble des équipements culturels et sportifs de la ville rouvriront.

Un temps de prière oecuménique est prévu jeudi à 18h00 à la cathédrale de Strasbourg.

Les victimes ont "entre 20 et 65 ans", selon le professeur Pascal Bilbault, responsable du Samu et des urgences à Strasbourg.

"Heureusement quelques personnes ont eu des blessures légères, qui sont rentrées à domicile dès ce matin, d’autres vont rentrer dans peu de temps. Mais il y en a d’autres qui sont toujours dans les services de réanimation, pour lesquelles l’avenir se joue au jour le jour", a-t-il ajouté.

"Il y a aujourd’hui deux morts, une 3e personne en état de mort cérébrale, et deux personnes dont le pronostic vital est engagé", a ajouté la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui s’est rendue à l’hôpital de Hautepierre dans l’après-midi.

Le Parlement européen, qui siège cette semaine à Strasbourg, a observé une minute de silence, de même que l’Assemblée nationale à Paris.

La Grande mosquée de Strasbourg a condamné un "acte infâme, lâche et barbare".

Sur la place Kléber, le coeur battant de Strasbourg, où le grand sapin était éteint mercredi soir, des passants ont commencé à rendre hommage aux victimes par des inscriptions "Je suis Strasbourg", des bougies et pétales de roses.

Le gouvernement a porté le plan Vigipirate au plus haut niveau, "urgence attentat", qui permet "la mobilisation exceptionnelle de moyens".

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