Le raid à l’ambassade de Corée du Nord à Madrid mené par un groupe dissident

Un groupe ayant pour objectif de renverser le régime nord-coréen de Kim Jong Un est à l’origine de l’intrusion dans l’ambassade de Corée du Nord en Espagne en février, écrit le Washington Post, offrant une nouvelle version à ce mystérieux incident.

Dix personnes ont fait irruption dans la mission diplomatique de Pyongyang à Madrid le 22 février, menottant et bâillonnant des membres du personnel plusieurs heures avant d’emporter des ordinateurs, des documents et des téléphones. Elles étaient munies d’armes factices et se sont enfuies à bord de deux véhicules de l’ambassade, abandonnés plus tard.

Cet assaut s’est déroulé quelques jours avant le second sommet entre le président américain Donald Trump et Kim Jong Un à Hanoï, les 27 et 28 février. Ils n’ont pas réussi à conclure un accord sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Les spéculations sur l’identité et les motivations du groupe d’assaillants ont envahi les médias espagnols.

Le quotidien El Pais, citant des sources policières et au sein du contre-espionnage espagnol (CNI), a affirmé cette semaine qu’au moins deux membres de ce commando "ont été identifiés et ont des liens avec les services secrets des Etats-Unis". Avec la CIA, a-t-il précisé.

Mais d’après le Washington Post vendredi soir, le raid a été mené par un groupe baptisé Défense civile Cheollima (DCC), qui propose son aide aux Nord-Coréens tentant de fuir leur pays et qui veut renverser le régime.

Faisant référence à des personnes ayant des informations sur la préparation et l’exécution de l’opération, le quotidien ajoute que le DCC n’a pas agi en coordination avec un quelconque gouvernement et que les agences américaines auraient été particulièrement réticentes à s’impliquer dans un tel projet étant donné le calendrier.

Quand au butin des assaillants, il peut contenir "des contacts et des documents liés aux efforts de la Corée du Nord pour esquiver les sanctions et importer des produits de luxe depuis l’Europe", a expliqué au journal Sung-Yoon Lee, expert de la Corée du Nord à l’université Tufts.

Le DCC a émergé en 2017 lorsqu’il a publié sur internet une vidéo du neveu de Kim Jong Un expliquant s’être mis en sécurité après l’assassinat avec un agent neurotoxique de son père Kim Jong Nam –demi-frère exilé du dirigeant nord-coréen– à l’aéroport de Kuala Lumpur en février 2017.

En février, le groupe a annoncé la création d’un gouvernement nord-coréen en exil baptisé "Joseon libre", du nom de la dynastie qui occupa le trône coréen de 1392 à 1910, année de l’annexion par le Japon.

La version du Washington Post est la dernière en date pour cet incident sur lequel la police et le gouvernement espagnol n’ont rien confirmé officiellement, si ce n’est qu’une Nord-Coréenne a été prise en charge légèrement blessée sur la voie publique non loin de l’ambassade.

D’après El Pais, Madrid a demandé des explications à la CIA et celle-ci a démenti toute implication. Mais les autorités espagnoles ont qualifié cette réponse de "peu convaincante", estimant que les services secrets américains avaient agi "probablement en coopération" avec ceux de la Corée du Sud.

La mission diplomatique nord-coréenne à Madrid n’a plus d’ambassadeur depuis l’expulsion en septembre 2017 de Kim Hyok Chol, déclaré "persona non grata" après les essais nucléaires et tirs de missiles menés par Pyongyang. Il est depuis devenu émissaire nord-coréen pour les Etats-Unis et qui a participé aux préparatifs du sommet de Hanoï.

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