Le PS dénonce une « dégradation Sarkozy », l’UMP s’empare de l’annonce de Moody’s

La dégradation de la note souveraine de la France continue d’alimenter la bataille de la présidentielle, les adversaires du chef de l’Etat y voyant le signe de l’échec de son quinquennat. C’est une « dégradation Sarkozy », a accusé lundi Laurent Fabius. L’UMP a répondu aux attaques en mettant en avant la décision de l’agence Moody’s, qui n’a pas touché au triple A français.

Forte des dernières déclarations de Moody’s, le camp du président de la République, qui n’est toujours pas officiellement candidat à sa réélection, s’est empressé de souligner que Standard & Poor’s était la seule des trois grandes agences de notation à avoir pour l’heure privé la France de son triple A, la meilleure note pour une dette souveraine.

Standard & Poor’s a abaissé vendredi d’un cran la note de la dette souveraine française, de AAA, la meilleure, à AA+, et n’exclut pas de dégrader encore dans les mois qui viennent la France, placée en perspective "négative". Mais Moody’s et Fitch continuent pour le moment de classer la France dans les pays les mieux notés.

Moody’s a maintenu lundi le AAA de la dette française mais fait savoir qu’elle se prononcera "dans le courant du premier trimestre 2012" sur l’appréciation de perspective stable accompagnant cette note. L’agence examinera l’ensemble des notations souveraines dans l’Union européenne.

Le ministre de l’Economie François Baroin a souligné dans un communiqué que l’agence évoluera "conjointement, dans les semaines qui viennent, l’ensemble des pays européens, et non la situation de la France prise séparément". "Cette analyse confirme que la politique mise en oeuvre par le gouvernement français en faveur de la croissance, de la compétitivité et de la maîtrise des déficits publics est la bonne", a-t-il affirmé. "Elle nous incite à poursuivre notre action pour restaurer la confiance dans les institutions de la zone euro."

Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, comme une dizaine de membres du parti, a publié un communiqué dans la journée pour s’étonner du "silence assourdissant" du Parti socialiste sur Moody’s et Fitch. "La réalité, c’est que deux agences sur trois maintiennent la note maximale de AAA à la France. Cela démontre que la France garde toute sa crédibilité financière", assure-t-il.

Mais pour le PS, la perte du triple A décidée par Standard & Poor’s incarne l’échec de Nicolas Sarkozy. L’ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a fustigé lundi "une imprévision extrêmement destructrice du gouvernement et une responsabilité lourde du président Sarkozy lui-même".

Lors d’une conférence de presse au siège de campagne de François Hollande, Laurent Fabius a imputé cette dégradation à quatre causes: le creusement de la dette de "600 milliards" d’euros depuis 2007, "la faiblesse de la croissance", "les carences européennes" et la spéculation financière.

Si le gouvernement augmente la TVA, cela pèsera sur la consommation, a-t-il mis en garde. "Ce serait une faute", a-t-il déclaré, à deux jours du sommet social. Avec son projet de réforme du financement de la protection sociale, "TVA sociale" pour les uns ou "TVA anti-délocalisations" pour les autres, le gouvernement se livre à "une véritable politique de l’autruche", a déclaré l’ancien ministre de l’Economie de Lionel Jospin.

M. Fabius, qui est chargé de préparer les mesures à prendre au cours de la première année de gouvernement en cas de victoire de la gauche, estime que la décision de S&P "renforce la nécessité de booster la croissance". Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande entend travailler à un "redressement productif" et sur "une justice fiscale", avec "beaucoup de sérieux budgétaire", a rappelé Laurent Fabius.

Pour l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, candidat à la présidentielle de République solidaire, la dégradation de la note souveraine française signifie aussi "clairement l’échec du quinquennat". Lors de ses voeux à la presse, il a dénoncé notamment l’échec "d’un choix qui a été fait dès 2007", celui "d’ouvrir les vannes de la dépense", citant la loi TEPA (travail, emploi et pouvoir d’achat) qui avait instauré la défiscalisation des heures supplémentaires et le bouclier fiscal.

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