Le prophète représenté à la une de « Charlie Hebdo » avec une pancarte « Je suis Charlie »

Une du prochain numéro de Charlie Hebdo représente le prophète Mohammed une larme à l’oeil, tenant une pancarte « Je suis Charlie », sous le titre « Tout est pardonné », un dessin signé Luz. Le journal satirique a ainsi de nouveau dessiné le prophète de l’islam sur sa couverture, pour un numéro qui sera tiré à trois millions d’exemplaires contre 60 000 habituellement, malgré l’attentat qui a décimé sa rédaction mercredi.
L’hebdomadaire continuera donc à railler religions et politiques mercredi, y compris avec des dessins de Mahommed.

Ce numéro comportera "évidemment", comme le journal l’a déjà fait, des dessins sur Mahomet, avait expliqué lundi l’avocat de l’hebdomadaire, maître Richard Malka. "On ne cédera rien, sinon tout ça n’aura pas eu de sens. L’état d’esprit ‘Je suis Charlie’, cela veut dire aussi le ‘droit au blasphème’, a martelé l’avocat.
Malaise

Mais les manifestations monstre en France contre les attentats, qui ont rassemblé près de 4 millions de personnes, mettent l’équipe de Charlie mal à l’aise, a reconnu le porte-parole du journal. "C’est un pied-de-nez de l’histoire ubuesque, car nous sommes le journal le moins consensuel qui soit, et on se retrouve aujourd’hui avec le monde entier qui fait corps autour de nous !", a-t-il lancé.

Interrogé sur Europe 1 sur la question de savoir si le journal est "islamophobe", Richard Malka a répondu qu’"on s’en est pris bien moins à l’islam qu’au christianisme" et critiqué "ce relativisme de mauvaise foi indécent et obscène". "Charlie n’est pas un journal violent mais irrévérencieux", qui porte le rire, et le rire peut être corrosif, mais "jamais haineux et jamais violent", a-t-il conclu.

Trois millions d’exemplaires

Le tirage a été porté de un à trois millions d’exemplaires au vu de l’avalanche de demandes, a expliqué Patrick André, directeur général des Messageries lyonnaises de presse, le distributeur du journal.

Les MLP enregistrent depuis plusieurs jours des commandes émanant des organismes les plus divers, et réclament parfois des milliers de copies : des maires qui veulent les offrir à leurs administrés, des entreprises pour leurs salariés, des théâtres qui veulent les distribuer aux spectateurs ou encore des distributeurs de presse en Inde, en Australie… Des points de presse de villages qui ne vendaient que deux Charlie Hebdo en réclament plusieurs centaines pour mercredi. Les MLP ont même reçu l’appel d’un jeune Italien de 14 ans qui voulait le journal…

Export !

A l’export, où Charlie Hebdo ne vendait que 4 000 exemplaires, le MLP prévoient d’en expédier 300 000, dans 25 pays, a raconté M. André. Pour le premier million d’exemplaires, toute la recette ira à Charlie Hebdo, le réseau de distribution ayant accepté de travailler gratuitement.

Les points de vente seront livrés quotidiennement, du 14 au 19 janvier inclus, et le numéro restera en vente pendant huit semaines. "Tous les 27 000 points de vente de presse français en auront, contre 20.000 habituellement. Chacun en aura au moins une dizaine, mais certains plusieurs centaines", a-t-il dit. "Nous enregistrons sur le terrain des réservations monumentales", a confirmé Dominique Gil, président du Syndicat des dépositaires de presse, qui livrent les points de vente. "On est submergés, les points de presse réclament parfois cinquante fois la mise en vente normale. Par exemple la centrale de Cattenom veut offrir un exemplaire à chaque salarié, soit 1 500 exemplaires", a témoigné le gérant de dépôt à Forbach, Stéphane d’Altri o Dardari. "Les magasins de presse ne pourront sans doute pas répondre à toutes les demandes. Nous avons donc aussi décidé de mettre en place des coupons pour inviter à faire des dons pour Charlie Hebdo", a précisé l’UNDP (Union nationale des diffuseurs de presse), qui représente les magasins de presse indépendants.

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