Le procès à Bruxelles de Salah Abdeslam reprend en son absence

Le procès à Bruxelles de Salah Abdeslam pour une fusillade en 2016 avec des policiers a repris sans lui jeudi, mais son avocat Me Sven Mary a confirmé en début d’audience qu’il continuerait d’assurer sa défense.

Présent lundi lors de la première journée, le seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015 avait fait savoir le lendemain au tribunal qu’il ne souhaitait plus comparaître.

L’ouverture de son procès avait été marquée par sa profession de foi musulmane et une virulente diatribe contre la justice et les médias.

"Je n’ai pas peur de vous, je n’ai pas peur de vos Alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c’est tout", avait lancé, défiant, ce Français d’origine marocaine âgé de 28 ans.

Son coprévenu Sofiane Ayari, complice de sa fuite après la fusillade du 15 mars 2016 dans la commune bruxelloise de Forest, se retrouve seul face au tribunal pour ce deuxième et sans doute ultime jour de procès.

Après deux ultimes plaidoiries de parties civiles, la parole sera donnée aux avocats de la défense, qui devraient contester les 20 ans de prison, avec 13 ans de sûreté, requis lundi par le parquet fédéral contre les deux prévenus.

Salah Abdeslam et Sofiane Ayari, un Tunisien qu’il avait convoyé d’Allemagne en Belgique en octobre 2015, doivent répondre de "tentative d’assassinat sur plusieurs policiers" et "port d’armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste".

Me Sven Mary, l’avocat de Salah Abdeslam, n’a souhaité donner aucune indication sur les arguments qu’il ferait valoir.

La presse belge s’interrogeait mercredi sur le dilemme d’avoir à défendre un prévenu qui considère ses juges comme "illégitimes". Une question à laquelle l’avocat a répondu jeudi en début d’audience, confirmant à la présidente du tribunal qu’Abdeslam resterait son client.

Cette plaidoirie, "on s’y prépare", avait simplement indiqué mercredi à l’AFP son associé, Me Romain Delcoigne.

"Il y a des preuves dans cette affaire, des preuves tangibles, scientifiques, j’aimerais que ce soit sur ça qu’on se base et qu’on ne se base pas, qu’on n’agisse pas pour satisfaire l’opinion publique", avait affirmé le prévenu lundi.

Une empreinte ADN lui appartenant a été découverte dans le logement de Forest, à Bruxelles, mais pas sur les deux fusils d’assaut retrouvés.

Le 15 mars 2016, c’est lors d’une perquisition de routine dans le cadre de l’enquête sur le 13 novembre que des policiers belges et français avaient essuyé des tirs d’armes automatiques, au 60 rue du Dries, à Forest.

Le logement visité, supposé vide, s’est avéré être une des planques de la cellule jihadiste à l’origine des attentats de Paris et de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).

Lors de l’échange de tirs, "une véritable scène de guerre" selon la procureure fédérale Kathleen Grosjean, trois policiers avaient été blessés, et un jihadiste algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué en faisant face aux policiers arme à la main pour couvrir la fuite d’Abdeslam et d’Ayari.

Les deux fuyards avaient été interpellés trois jours plus tard, le 18 mars, à Molenbeek, une autre commune de Bruxelles, une arrestation considérée par les enquêteurs comme l’élément déclencheur des attentats du 22 mars dans la capitale belge.

La procureure fédérale a estimé lundi qu’à Forest, peu importe qui tenait les armes, Abdeslam et Ayari ont été "coauteurs" des tirs.

Ils ont selon elle témoigné d’un mental de "combattants décidés à en découdre", preuve de leur "ancrage sévère dans l’idéologie" du mouvement de l’Etat islamique (EI).

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