L’ouverture de cette enquête préliminaire, confiée à l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLICCF), fait suite à un signalement d’une députée écologiste, Delphine Batho, transmis à la justice fin juin, a précisé cette source, confirmant une information du site de l’Obs.
Dans ce courrier, la députée dénonçait le fait que Hugh Bailey ait rejoint GE France, d’abord en tant que directeur des affaires publiques puis en tant que directeur général depuis avril, alors qu’il avait eu à traiter des dossiers relatifs à cette entreprise lorsqu’il travaillait au ministère.
M. Bailey, qui avait occupé les fonctions de conseiller en affaires industrielles et financement des exportations au cabinet de M. Macron au ministère de l’Economie, avait rejoint la filiale française du géant américain en novembre 2017.
Dans son signalement, la députée mentionnait notamment le fait qu’une "aide de 70,3 millions d’euros" ait été accordée à General Electric Energy Product "pour l’achat de 4 turbos alternateurs pour une centrale à cycle combinée à Bazian en Irak, au premier semestre 2016".
Interrogé fin juin par l’AFP, GE avait affirmé que "ces allégations" sur Hugh Bailey étaient "infondées". M. Bailey "se réserve le droit de prendre toute mesure légale nécessaire contre ces déclarations diffamatoires et pratiques calomnieuses", avait précisé son avocat Benjamin Van Gaver.
Dans un avis rendu le 16 novembre 2017, la commission de déontologie de la fonction publique avait estimé, avec certaines réserves, que la nomination de M. Bailey était compatible avec ses fonctions passées au ministère.
Fin mai, des syndicats de General Electric s’étaient interrogés sur la nomination de M. Bailey, certains y voyant "la caution" d’un plan social dédié aux seuls actionnaires, les autres un "possible facilitateur" en vue d’une réindustrialisation.
Le groupe américain a annoncé fin mai son intention de supprimer 1.050 postes en France, dont 800 à Belfort (est) dans l’entité turbines à gaz.
M. Bailey travaillait par ailleurs au sein du cabinet d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, lorsque le ministère a autorisé, en 2014, la vente controversée du pôle énergie d’Alstom à General Electric. Cette opération fait l’objet d’une enquête préliminaire distincte menée par le parquet national financier (PNF).