Le Mexique, difficile étape pour Tillerson en tournée en Amérique latine

Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, qui a démarré une tournée d’une semaine en Amérique latine, devait rencontrer vendredi le président du Mexique, pays critiqué par de nombreuses reprises par Donald Trump.

Arrivé à Mexico jeudi, le secrétaire d’Etat américain devrait parler de commerce bilatéral, de criminalité et d’immigration, avec le président mexicain Enrique Peña Nieto.

Trump a qualifié l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) de "désastre" et insiste pour faire construire un mur à la frontière pour stopper l’immigration illégale, responsable selon lui d’une partie de la criminalité aux Etats-Unis.

Peña Nieto – auquel les Mexicains avaient fortement reproché d’avoir reçu le candidat Trump durant sa campagne – se trouve de son côté dans une position délicate alors que son parti, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), est malmené dans les sondages à cinq mois de l’élection présidentielle de juillet.

Le président mexicain se trouve aussi confronté à une vague de violences sans précédent dans le pays liée au narcotrafic, et aux pressions internes pour ne pas céder dans la renégociation sur l’Aléna.

Tillerson semble toutefois avoir une vision plus optimiste que le président Trump sur l’avenir de cet accord commercial.

"Je suis Texan, entrepreneur dans le secteur énergétique et aussi éleveur. Je sais à quel point l’Aléna est important à notre économie" a indiqué jeudi l’ex-PDG du pétrolier ExxonMobil devant des étudiants de l’Université du Texas, à Austin.

"Mais on ne doit pas être surpris qu’un accord signé il y a 30 ans, avant l’ère numérique et avant que la Chine ne devienne la deuxième puissance mondiale, doive être modernisé" a-t-il ajouté.

Avant une rencontre avec Tillerson jeudi soir, le ministre des Affaires étrangères mexicain Luis Videgaray s’est entretenu avec son homologue canadienne Chrystia Freeland.

Fin février se tiendra le sixième round des négociations pour moderniser cet accord qui rassemble les Etats-Unis, le Canada et le Mexique dans une vaste zone de libre-échange.

Les sujets de l’immigration et la sécurité devraient également au coeur des discussions de Tillerson.

Comme l’avait fait le président américain Trump mardi dans son discours sur l’état de l’Union pour justifier sa ligne de fermeté sur l’immigration, le secrétaire d’Etat américain a insisté jeudi sur la nécessité de combattre les organisations criminelles transnationales et les cartels de la drogue.

"Dans leur quête d’argent et de pouvoir, elles sèment la mort et la destruction" a-t-il estimé.

Avant de se rendre à Mexico, Tillerson a exposé à Austin sa vision d’une Amérique latine "libre" et "prospère".

Le chef de la diplomatie américaine a mis en garde contre la présence croissante et "alarmante" de la Chine et de la Russie dans la région.

"L’Amérique latine n’a pas besoin de nouvelles puissances impérialistes qui ne poursuivent que leur propre intérêt", a-t-il lancé, assurant que Washington veut être le "premier partenaire" de la région, "dans le but de faire progresser la liberté".

Tillerson, souvent chargé d’expliquer en quoi "l’Amérique d’abord" de Donald Trump n’est pas synonyme d’isolement, a tenté d’apporter une note d’optimisme.

"Nous partageons des valeurs démocratiques, des valeurs qui sont au coeur de ce à quoi nous croyons, quelle que soit la couleur de notre passeport", a-t-il souligné.

Le secrétaire d’Etat américain a aussi longuement évoqué le Venezuela, devenu l’ennemi numéro un des Etats-Unis en Amérique latine.

"Le régime corrompu et hostile de Nicolas Maduro au Venezuela s’accroche à un rêve irréaliste, une vision datée de la région qui a déjà déçu ses habitants", a-t-il martelé.

Rappelant les sanctions imposées par les Etats-Unis, le Canada et l’Union européenne, il a appelé l’Amérique du Sud à en faire autant. Mais si les principales puissances du continent rejettent le régime, elles restent prudentes par crainte d’alimenter encore la misère d’un pays déjà au bord du chaos.

Tillerson a estimé que 2018 était "l’année des Amériques", avec un sommet continental en avril au Pérou, le G7 au Canada en juin et le G20 des principales puissances de la planète en fin d’année en Argentine.

Après son étape mexicaine, le chef de la diplomatie américaine doit se rendre en Argentine, au Pérou, en Colombie et en Jamaïque. (afp)

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