Le baccalauréat enfin réformé en France ?
Le ministre de l’Education a donné le coup d’envoi lundi à des consultations en vue d’une réforme en profondeur du baccalauréat, examen historique souvent critiqué mais auquel les Français restent très attachés, et dont les précédentes tentatives de refonte ont échoué.
Selon le ministre, "les Français sont à juste titre d’assez fervents défenseurs de cet examen, mais on voit bien que le bac tel qu’il existe aujourd’hui est arrivé à la fin d’une époque et qu’il faut passer à autre chose". Il souhaite "en finir avec le bachotage" et "redonner du sens" à cet examen de fin de lycée, qui donne accès aux études supérieures.
Conformément à ce qui était annoncé dans le programme d’Emmanuel Macron, la réforme voulue, applicable pour la session de 2021, a pour but d’"aboutir à quatre épreuves pour les épreuves finales" et "le reste des notes serait obtenu au cours de la scolarité selon les modalités qui garantiront l’égalité des conditions de passation sur l’ensemble du territoire".
C’est là un des points délicats de cette réforme. Des syndicats lycéens et enseignants – dont le Snes, premier dans l’enseignement secondaire – redoutent "un diplôme maison", qui n’aurait pas la même valeur selon l’établissement que l’élève fréquente. Le Snes estime que la "confiance disparaît" si l’on remplace des épreuves terminales par un contrôle continu.
La réforme du bac s’accompagne forcément d’une réforme du lycée. La disparition des filières littéraire (L), scientifique (S) et économique et sociale (ES) "est une option parmi bien d’autres", a précisé Jean-Michel Blanquer.
La mission est pilotée par Pierre Mathiot, universitaire et ancien président de Sciences-Po Lille, qui prévoit de mener plus de soixante rencontres avec des acteurs du monde éducatif, des visites dans les académies, voire à l’étranger pour voir comment les choses se passent ailleurs.
Echecs précédents
Son objectif est de "parvenir à des propositions qui ouvriront la voie à de vraies réformes globalement acceptables et acceptées par les parties prenantes", déclarait Pierre Mathiot au magazine L’Etudiant en octobre.
Mais, prévenait-il, "je n’ai pas accepté cette responsabilité pour faire des ajustements techniques ici ou là". Il ne "serai(t) pas là s’il s’agissait de ne changer que quelques coefficients au bac ou d’en réduire le nombre des épreuves".
Depuis sa création en 1808, cet examen a connu bien des évolutions, dont notamment sa massification. Seulement 1 % d’une classe d’âge avait le bac en 1900, 20 % en 1970, 43,5 % en 1990 et un peu moins de 80 % en 2017.
Les tentatives de "modernisation" de ces dernières années ont échoué. La dernière date de 2005, lorsque le ministre de l’Education François Fillon avait souhaité lui aussi réduire le nombre d’épreuves. Il dut enterrer le projet sous la pression de vastes manifestations de lycéens.
Mais les critiques à l’encontre de cet examen, vécu comme un rite de passage par les Français, s’aiguisent chaque année.
Trop coûteux (son coût annuel est estimé entre 56 millions d’euros, si l’on ne prend en compte que les frais de logistique, et 1,5 milliard selon le premier syndicat des chefs d’établissement) et son organisation ampute une partie de l’année scolaire (le mois de juin).
Ses contempteurs le jugent aussi inutile puisque le taux de réussite approche les 90 % (sur ceux qui le passent) alors que nombre de bacheliers échouent ensuite à l’université. Et pour les filières sélectives (classes préparatoires, BTS, licences sélectives etc.), le choix des établissements se base sur le dossier de l’élève, bien avant l’examen de juin, ajoutent-ils.
L’université vient justement de redéfinir ses modalités d’entrée, sous la houlette de la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Le bac donne toujours accès à la fac mais les candidats les plus fragiles devront suivre des parcours d’accompagnement s’ils veulent intégrer la filière de leur choix. Et l’aide à l’orientation doit devenir un élément clé du suivi pédagogique au lycée. (afp)