Lancement en Tunisie de la campagne pour les élections municipales

La Tunisie est entrée samedi en campagne pour les élections municipales du 16 mai, les premières du genre depuis 2011.

Quelque 5.369.843 électeurs inscrits au registre électoral pour des échéances reportées plus d’une fois et qui ont divisé la classe politique et la société civile concernant la date de leur tenue et le code des collectivités locales.

La campagne pour ce scrutin, qui va permettre l’installation de conseils municipaux et régionaux dans un régime de gouvernance locale en Tunisie, se poursuivra jusqu’au 4 mai.

Les candidats, dont plus de 50 pc sont âgés de moins de 35 ans (contre seulement 4,41 pc pour les plus de 60 ans) concourront pour pourvoir 7.177 sièges dans 350 circonscriptions.

Le scrutin se déroulera dans 11.185 bureaux de vote dans plus de 4000 centres à travers les différentes régions et circonscriptions électorales.

Selon le calendrier électoral établi par l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), la campagne prend fin deux jours avant le scrutin. Le 5 mai sera le jour du silence électoral, alors que l’annonce des résultats aura lieu le 7 mai et les résultats définitifs seront proclamés le 9 mai prochain après l’examen des recours.

Pour le vote des sécuritaires et militaires au nombre de 36.050 auxquels l’ISIE a réservé entre 350 centres et 359 bureaux de vote, ils se rendront aux urnes le 29 avril courant. L’opération de vote des sécuritaires et militaires se déroulera en présence d’observateurs et représentants des listes candidates. Lors du dépouillement, les bulletins de vote de ces électeurs seront mélangés avec le reste pour ne pas dévoiler leurs tendances politiques.

Quelque 2074 listes candidates, 860 listes indépendantes, 159 listes de coalition et 1055 listes partisanes, sont en lice pour ces élections. Les femmes sont en tête de 33,30% des listes.

Environ 1700 observateurs seront déployés sur l’ensemble des circonscriptions électorales pour contrôler le déroulement de la campagne électorale des prochaines municipales, qui seront supervisés par 350 coordinateurs locaux.

De son côté, l’Union européenne a déployé une Mission d’Observation Électorale (MOE) composée de plus de 80 observateurs et de 7 analyses électoraux. La mission observera toutes les phases du processus électoral.

Malgré l’importance de ce rendez-vous, certains observateurs ont émis des craintes quant à sa légitimité "en l’absence d’un texte légal consacrant les principes constitutionnels", faisant observer que le Code des collectivités locales constitue un pilier fondamental des élections locales en général et municipales en particulier.

Ils relèvent que le code des collectivités locales, socle de ce nouveau mode de gestion incluant une large part de démocratie participative, peine à obtenir l’aval des élus, précisant que jusqu’à mercredi dernier, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) est encore au niveau du premier quart du Code, après 36 jours de son passage à la plénière.

Dans ce sens, ils font savoir qu’il s’agit donc d’approuver, ou pas, pas moins de 392 articles et examiner près de 600 amendements, ce qui n’est pas facile et demande du temps et de l’attention pour ne pas verser dans l’inconstitutionnalité.

Ils expliquent que parmi les points de discorde figurent ceux se rapportant au statut et aux indemnités éventuelles à attribuer aux présidents des conseils municipaux et leurs adjoints qui devraient se consacrer exclusivement à leur mission à titre de bénévoles.

Les débats au sein de l’ARP montrent que les partis conservateurs, tels Nida Tounes et Ennahdha, estiment qu’octroyer du pouvoir aux régions pourrait faire de l’ombre à l’Etat et voudraient s’assurer de la mise en place d’outils de contrôle des décisions.

Dans ce sens, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a mis en garde contre les répercussions d’une telle lenteur sur le processus électoral.

Tout en estimant que les députés de l’ARP sont responsables du retard pris pour l’adoption de ces textes et d’une "lenteur voulue, voire préméditée", elle explique que la loi de 1975 est en contradiction avec les dispositions du chapitre 7 de la Constitution relatives au pouvoir local et à ses principes.

Dans le même ordre d’idées, elle appelle les députés à assumer leur responsabilité en accélérant le rythme de travail, notamment en évitant les éventuels problèmes pouvant survenir au sein du parlement.

"Il est d’autant plus important d’éviter les conflits que l’adoption du Code nécessite du temps pour les débats, la vérification de la constitutionnalité de ses articles et les délais de recours et de publication dans le JORT (bulletin officiel)", souligne l’association.

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