"Nous n’interférons pas dans la politique des Etats-Unis (…) Et les Européens comptent sur le fait que l’Amérique n’interfère pas dans la politique européenne", a averti Mme Mogherini, qui bouclait sa première visite à Washington depuis l’arrivée de l’administration Trump perçue comme isolationniste, nationaliste et beaucoup moins attachée aux liens transatlantiques.
Devant quelques journalistes, la diplomate européenne était notamment interrogée sur la volonté prêtée au site d’informations américain Breitbart, proche de l’extrême droite et anciennement dirigé par le conseiller du président Trump, Steve Bannon, d’influencer les élections cette année en France et en Allemagne.
"Je crois que l’unité de l’Union européenne est plus manifeste aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quelques mois et cela doit être clairement compris ici", a-t-elle souligné, après avoir vu jeudi le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson et les conseillers du nouveau président, Michael Flynn et Jared Kushner.
Mme Mogherini a encore exhorté la nouvelle administration américaine à "respecter l’Union européenne qui n’est pas seulement une institution mais une Union de 28 Etats membres, toujours à 28 et à 28 pour encore plusieurs mois", en allusion à la sortie programmée du Royaume-Uni.
Fin janvier, le président Trump avait estimé, en recevant à la Maison Blanche la Première ministre britannique Theresa May, que le Brexit était "une chose merveilleuse". Il avait alors vanté la "relation spéciale" entre Washington et Londres, critiquant au passage l’UE et l’Otan.
"Huit mois après le référendum au Royaume-Uni, nous n’avons même pas été notifiés du début de la négociation. Si bien que le Royaume-Uni restera membre de l’Union européenne pendant encore au moins deux ans (…) et ne sera pas en mesure de négocier un traité commercial avec un pays tiers", a souligné la diplomate italienne.
Par ailleurs, le président Trump souhaiterait, selon certains médias, nommer l’homme d’affaires Ted Malloch comme ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE à Bruxelles. Or M. Mulloch a prédit la semaine dernière, dans la presse allemande et britannique, le délitement de l’UE, estimant que le départ de Londres en était la première étape.
Il a également comparé le bloc européen à l’Union soviétique.
Mais d’après Mme Mogherini, "aucune décision n’a été prise" à Washington et "aucun nom précis n’est pour l’instant envisagé".
La haute représentante de la diplomatie de l’UE a rappelé à que toute nomination d’ambassadeur étranger à Bruxelles nécessitait "le consentement actif des 28 Etats membres" et elle a plaidé pour un "démarrage apaisé" entre Bruxelles et la nouvelle administration américaine.
"De la Pologne au Portugal, de la Finlande à Malte, les Européens ont le sentiment et pensent que leurs intérêts sont mieux protégés et défendus par notre Union", a-t-elle affirmé.
Par AFP