Cette feuille de route prévoit une phase de négociations avec le régime actuel assortie d’une trêve, le "départ" du président Bachar al-Assad et de nouvelles élections.
Elle a été présentée par le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l’opposition et de la rébellion syriennes, avant des discussions avec une partie des pays amis de la Syrie.
Parmi les participants aux discussions figurent notamment les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, du Qatar, de l’Italie, de l’Union européenne et de la France, tandis que le chef de la diplomatie américaine doit intervenir par visioconférence.
Cette réunion doit permettre de "préparer, consolider une position commune et la faire valoir aux Etats-Unis (…) alors qu’il y a des rumeurs persistantes sur la conclusion d’un accord russo-américain", a expliqué une source diplomatique française.
Un accord entre Moscou et Washington sur une cessation des hostilités était attendu au sommet du G20 qui s’est achevé lundi en Chine, mais les Etats-Unis ont admis que celui-ci ne pourrait être annoncé dans l’immédiat.
"La Syrie veut voir Bachar partir. Si Bachar part, les combats vont-ils se poursuivre? non!", a déclaré Riad Hijab, coordonnateur du HCN.
"Il y a des personnalités, des chefs dans l’Etat syrien, au sein du régime qui ont donné des ordres pour tuer des Syriens, ils sont à la tête des services de sécurité et des services militaires. Ils ne peuvent absolument pas avoir un rôle dans l’avenir de la Syrie et dans cette phase de transition", a-t-il ajouté.
Interrogé par l’AFP, Anas al-Abdé, président de la coalition syrienne de l’opposition politique en exil, a affirmé que c’est "la première fois que nous avons un document sur le carnet de route détaillé pour atteindre une transition politique en Syrie", précisant qu’il était approuvé par "l’ensemble de l’opposition syrienne, politique, militaire, issue de la société civile et des conseils locaux".
La première étape du projet présenté mercredi matin prévoit une phase de six mois lors de laquelle "les deux parties négociatrices devront s’engager à respecter une trêve provisoire", et propose également un retour des millions de personnes déplacées par le conflit et des réfugiés.
La deuxième étape, longue de 18 mois, verrait la Syrie dirigée par un gouvernement de transition, dont la mise en place nécessiterait "le départ de Bachar al-Assad et de sa clique".
La troisième et dernière étape permettrait de consolider les changements via des "élections locales, législatives et présidentielle" organisées "sous la supervision et avec le soutien technique des Nations unies".
Ce plan reprend des éléments de la feuille de route établie en novembre 2015 par les grandes puissances à Vienne, qui ne réglait toutefois pas la question du sort du président Assad. Sa présentation intervient alors que l’opposition perd du terrain sur de multiples fronts en Syrie.
Le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir a estimé sur la BBC que ce projet constituait un "pas en avant", et offrait une "vision pour la Syrie: ce que la Syrie devrait être, en incluant tout le monde".
Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a lui aussi réclamé dans le quotidien The Times le départ du président syrien, affirmant qu’il serait possible d’éviter le chaos qui a suivi l’éviction du président irakien Saddam Hussein en 2003. Il a souligné que le plan de l’opposition ne visait en effet pas à balayer la structure étatique.
Il a par ailleurs critiqué la Russie, qui soutient le leader syrien, pour son "attitude également indéfendable". "Les Russes utilisent leur force militaire pour empêcher Assad de perdre", a accusé le ministre conservateur.
Le conflit, qui dure depuis 2011, a fait plus de 290.000 morts et contraint des millions de Syriens à quitter leur pays.
Mercredi, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’est dite "préoccupée" par l’usage présumé d’armes chimiques à Alep, où des dizaines de personnes ont rapporté des cas de suffocation après le largage de barils d’explosifs par l’aviation du régime.
AFP