L’invalidation de l’élection de plusieurs députés plonge l’Irak dans la crise

L’instance judiciaire de la commission électorale irakienne a invalidé lundi 26 avril les suffrages exprimés en faveur de 52 candidats aux élections législatives de mars accusés de sympathie avec le Baas de l’ancien dictateur Saddam Hussein, dont deux avaient été élus. Cette décision pourrait modifier l’issue du scrutin, remporté de justesse par la liste Irakia de l’ancien premier ministre Iyad Allaoui.

Ce dernier a annoncé lundi soir qu’il avait demandé aux avocats de son parti de faire appel de l’invalidation des résultats. "Nous sommes très préoccupés par certains groupes qui contrôlent le processus politique en Irak", a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Ankara. Il avait jugé un peu plus tôt que ces développements soulignaient la nécessité d’avoir des observateurs étrangers sur le terrain.

UN "ASSASSINAT DU PROCESSUS DÉMOCRATIQUE"

"Il s’agit de l’assassinat du processus démocratique. Il n’existe pas d’élection dans le monde qui annule les votes et c’est pourtant ce qui se passe, c’est un crime contre la volonté des électeurs", a déploré Haïdar al-Mollah, un des porte-parole de la liste Irakia. "Nous avons préparé une lettre pour (l’envoyé spécial de l’ONU en Irak, Ad) Melkert pour tenter d’en finir avec cette comédie. Nous sommes visés et on cherche à annuler nos sièges", a-t-il dit à la télévision.

La liste Irakia a obtenu 91 des 325 sièges parlementaires, soit deux de plus que l’Etat de droit (EDD) du chef du gouvernement sortant, Nouri al Maliki. L’élection d’un de ses candidats a été annulée par la commission de révision, mais selon plusieurs membres de la liste d’Allaoui cette décision ne devrait pas remettre en cause leur victoire électorale, dans la mesure où le code électoral autorise le remplacement d’un candidat jugé inéligible par un autre représentant du même parti.

Saad al Raoui, un des neuf membres de la commission électorale indépendante, dont la commission de révision fait partie, juge lui aussi peu probable que la décision rendue lundi modifie l’issue des élections. "Je ne pense pas que cela affectera le nombre de sièges du bloc. Irakia a obtenu des millions de voix, alors ce ne sont pas 5 000 ou 10 000 qui vont le modifier", a-t-il dit.

RISQUE DE CRISE INSTITUTIONNELLE

Dans le cas contraire, tout revers parlementaire d’Irakia risquerait de raviver la colère de la minorité sunnite, qui a largement soutenu la liste laïque d’Allaoui. Les candidats jugés inéligibles ont un mois pour faire appel. Des verdicts plus lourds de conséquences sont attendus mardi, lorsque la même commission se prononcera sur le sort de six à neuf membres d’Irakia élus le 7 mars.

L’ONU et les Etats-Unis ont reconnu que le scrutin avait été équitable et exempt de fraudes malgré des imperfections. L’EDD a toutefois demandé un nouveau décompte des voix, estimant que 750 000 bulletins étaient frauduleux. Une commission d’examen a accédé la semaine dernière à cette requête pour l’ensemble des bureaux de vote de la capitale, soit deux millions et demi de bulletins, mais la commission électorale a demandé comment procéder à ce nouveau décompte.

L’ambassadeur américain à Bagdad, Christopher Hill, s’est dit inquiet du retard pris dans la formation du gouvernement, près de deux mois après le scrutin. "Nous approchons de la période de deux mois et nous sommes inquiets face au processus qui traîne en longueur", a-t-il dit aux journalistes

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