Manuel Noriega en cours d’extradition vers la France
L’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega était en cours d’extradition lundi des Etats-Unis vers la France où il est attendu mardi matin pour participer à son procès pour blanchiment d’argent.
Le Département d’Etat américain a précisé à l’AFP que l’ordre d’extradition avait été signé lundi par la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton.
Manuel Noriega, âgé de 74 ans selon des documents judiciaires, a pris place à bord d’un appareil d’Air France qui a décollé de Miami (Floride, sud-est), pour arriver mardi matin dans l’Hexagone, a-t-on ajouté de même source. Le vol AF695 devait atterrir à Roissy à 07H50 locales (05H50 GMT).
Les chaînes américaines CNN et CBS ont montré des images d’un homme présenté comme étant M. Noriega embarquant dans l’après-midi à bord d’un avion.
Selon une source proche du dossier, des agents de l’Administration pénitentiaire française escortent l’ancien dictateur pendant son voyage vers la France.
L’avocat américain de M. Noriega, Franck Rubino, a de son côté affirmé qu’il ne «savait rien». «Ni le département d’Etat ni le ministère de la Justice n’ont eu la courtoisie de me prévenir qu’un ordre d’extradition avait été signé ou que le général Noriega était sur le départ», a-t-il déclaré à l’AFP.
La Cour suprême des Etats-Unis avait refusé le 22 mars la demande de l’ex-homme fort du Panama d’être réentendu, éliminant ainsi son ultime recours contre une extradition.
Le gouvernement panaméen a indiqué lundi qu’il respectait la décision «souveraine» des Etats-Unis d’extrader l’ancien dictateur vers la France, tout en demandant qu’il soit rapatrié pour être aussi jugé dans son pays.
L’avocat au Panama de M. Noriega, Me Julio Berrios, a déclaré à l’AFP que son extradition était le résultat d’un accord secret entre les gouvernements du Panama, des Etats-Unis et de la France pour qu’il ne rentre pas dans son pays.
Le général Noriega a été condamné au Panama à 54 ans de prison pour son implication dans la disparition et le meurtre d’opposants entre 1968 et 1989.
Manuel Noriega avait été renversé puis capturé en 1989 lors de l’intervention américaine au Panama ordonnée par le président américain George Bush père. L’ancien dictateur de ce pays d’Amérique centrale avait ensuite été condamné à 40 ans de prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Placé en détention en Floride, sa peine avait été réduite à 17 ans pour bonne conduite.
Mais quelques jours avant la date prévue pour sa libération, en septembre 2007, un juge fédéral américain avait approuvé son extradition vers Paris.
La justice française l’a condamné par défaut en 1999 à dix ans de prison pour diverses accusations mais souhaite organiser un nouveau procès pour blanchiment d’argent.
«Lorsqu’il arrivera en France il sera présenté à un procureur de la république qui lui notifiera le mandat d’arrêt qui a été décerné à son encontre», a détaillé Guillaume Didier. «Un juge des libertés et de la détention se prononcera ensuite sur son éventuelle mise en détention provisoire dans l’attente de sa comparution devant le tribunal correctionnel», a-t-il ajouté.
«Cette comparution doit avoir lieu au plus tard dans les deux mois suivant son placement en détention provisoire», a ajouté le porte-parole, précisant que ce délai ne pouvait être renouvelé qu’une seule fois.
L’avocat français de Noriega, Me Yves Leberquier, a estimé lundi soir sur France Info que son client ne pouvait pas être jugé par la justice française, notamment en raison de la prescription des faits et de son immunité d’ancien chef d’Etat.
Longtemps allié des Etats-Unis pendant la Guerre froide, ancien informateur de la CIA, Manuel Noriega était tombé en disgrâce à Washington pour son implication dans un trafic de stupéfiants.