Johnny Hallyday, une star discrète qui dévorait la vie à Los Angeles
Il était une légende dans le monde francophone mais à Los Angeles, la ville des célébrités hollywoodiennes, Johnny Hallyday était une star discrète qui continuait cependant de « dévorer la vie ».
Dans la mégapole californienne, l’interprète de "Quelque chose de Tennessee", faisait ses courses comme tout le monde, fréquentait des restaurants chics comme The Little Door (tenu par des français) ou Nobu à Malibu, au bord du Pacifique.
Au salon de tatouage Shamrock Social Club sur Sunset Boulevard, le patron Mark Mahoney se désole de sa disparition: "C’est la personne la plus vivante que j’ai jamais rencontrée, il dévorait la vie. Il buvait, il fumait comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’était incroyable d’être autour de lui".
Il dit avoir mangé avec lui "le meilleur repas de sa vie, pendant des heures les plats se succédaient", et se souvient lui avoir fait environ dix tatouages, dont un portrait de sa femme Laeticia. Au salon, il venait parfois en famille, parfois seul.
Leur "Chanteur abandonné" avait posé ses valises de façon permanente en 2013 dans le quartier huppé de Pacific Palisades, choisissant une vaste maison en bois blanc et au toit gris. Le garage abrite une collection de belles cylindrées: Rolls Royce, une AC Cobra Bleue, motos Harley Davidson…
Eclipsé par des voisins plus célèbres que lui outre-Atlantique comme Ben Affleck, Tom Hanks, Steven Spielberg ou, juste en face de sa propriété, l’actrice Kate Hudson, "l’idole des jeunes", décédé mercredi à 74 ans, vivait dans un anonymat presque parfait.
Dans sa rue aux pelouses et jardins taillés de près et aux vastes demeures parfois dissimulées par de hautes clôtures, les voisins ouvraient des yeux interloqués lorsque l’on leur demandait, quelques jours avant la disparition de la vedette, s’ils connaissent Johnny Hallyday ou Jean-Philippe Smet, son nom à l’état civil.
"Oh vous savez ici tout le monde respecte la vie privée des gens", affirmait une jeune femme rousse promenant ses deux chiens.
"C’est très calme ici", renchérissait Sandra Morton, qui vit à Pacific Palisades depuis 50 ans. Elle non plus n’avait jamais entendu parler du chanteur.
A quelques kilomètres de là, dans l’école française à la jolie clôture bleue où sont scolarisées ses filles, une surveillante assure qu’elles sont élevées comme toutes les petites filles de leur âge.
Son histoire d’amour avec les Etats-Unis
L’histoire d’amour de Jean-Philippe Smet avec les Etats-Unis remonte aux années 50 quand il a découvert Elvis et le rock. C’est de la musique américaine qu’il tirait son inspiration et, au cours de sa carrière, il a parcouru le pays à de nombreuses reprises, pour d’innombrables concerts et enregistrements.
A partir du milieu des années 70, il passe environ dix ans dans la Cité des Anges, s’y installant avec Sylvie Vartan et leur fils David, à la fois pour être proche de studios d’enregistrement et de musiciens avec lesquels il partait en tournée, mais aussi, déjà, pour fuir ses ennuis fiscaux.
Après sa séparation de Sylvie Vartan, il avait brièvement épousé l’actrice Elisabeth "Babeth" Etienne en 1981 à Beverly Hills, avant de divorcer deux mois plus tard.
Celui qui a été très décrié en France pour son "exil fiscal" en Suisse avait dit dans son autobiographie "Dans mes Yeux", publiée en 2013, qu’il avait quitté l’Hexagone certes pour payer moins d’impôts mais aussi pour changer d’ambiance.
"Je me suis toujours demandé pourquoi aux Etats-Unis quand t’as une belle voiture, les mecs sourient et te disent formidable, et en France on te traite de voleur".
C’est aussi à Los Angeles que "Johnny" avait frôlé la mort et s’était retrouvé trois semaines hospitalisé dans le coma en 2009 à la suite de complications d’une opération au dos.
S’en était suivi une longue convalescence et une période de dépression qu’il avait surmontée pour revenir sur scène, poursuivant une carrière d’une longévité exceptionnelle.
AFP