L’Algérie n’en prend pas le chemin. Le vaste remaniement ministériel et la restructuration d’une partie des services montrent que le clan présidentiel cherche à verrouiller cette échéance du printemps 2014, compliquée par la maladie chronique du chef de l’État. Revenu à Alger le 16 juillet, après trois mois de soins en France, Bouteflika ne serait plus en état de gouverner. Pour préparer sa succession et parer toute mauvaise surprise, ses proches, dont son frère cadet Saïd, auraient pris en main les commandes du pays. Le nouveau gouvernement est truffé de ses fidèles et le redoutable DRS (Département du renseignement et de la sécurité), réputé “faiseur de roi” depuis cinquante ans, serait repassé sous le contrôle de la présidence. “Toufik”, le général Mohamed Mediène, maître occulte du pays depuis quinze ans, serait lui-même affaibli. Mais nous sommes en Algérie, pays de l’intox reine. Ces retouches ne seraient que cosmétiques, destinées à prouver la force intacte du clan présidentiel, et, du côté français, on évoque plus une réorganisation fonctionnelle qu’un véritable démantèlement de l’État-DRS.
La leçon immédiate est que l’Algérie semble se figer dans de vieilles querelles de pouvoirs alors que les choses évoluent au contraire très vite chez ses voisins immédiats. En plein maelström politico-religieux, la Tunisie cherche à réinventer son avenir. Le Maroc prépare le sien, à travers l’ambitieux processus de réformes impulsé par le roi Mohammed VI.