Hugo Chavez, figure du socialisme latino-américain

Hugo Chavez, décédé mardi d’un cancer, s’est imposé comme l’une des grandes figures politiques sud-américaines, mêlant dans un tempérament extraverti une opposition acharnée aux Etats-Unis, un idéalisme révolutionnaire hérité des années 60 et une autorité qui supportait peu la contradiction.

Réélu président du Venezuela en octobre 2012 à 58 ans, Chavez entretenait une image ambivalente, celle d’un tribun socialiste soucieux du sort des pauvres pour ses partisans, celle d’un dictateur qui se grisait de ses rodomontades pour ses adversaires.

Proche des dirigeants socialistes d’Amérique latine tels que le Bolivien Evo Morales, l’Equatorien Rafael Correa et le Nicaraguayen Daniel Ortega, il entretenait une relation étroite avec son modèle, Fidel Castro, et avec le frère de ce dernier, Raul, devenu président de Cuba.

C’est d’ailleurs dans un hôpital La Havane qu’Hugo Chavez fut soigné et opéré à quatre reprises lorsque fut diagnostiqué un cancer dans la région pelvienne en juin 2011.

Au pouvoir depuis le 2 février 1999, Chavez n’a pourtant jamais réussi à imposer un régime de parti unique à la cubaine dans son pays, membre de l’Opep et premier exportateur de pétrole d’Amérique du Sud.

Mais sa pratique présidentielle, rythmée par des discours fleuves et des attaques récurrentes contre les Etats-Unis et les oligarchies financières, a souvent été dénoncée comme démagogique par ses adversaires.

Affaibli par la maladie après avoir longtemps joué sur le cliché d’un homme physiquement infatigable, Chavez a pris soin de préparer sa succession, désignant dès le mois de décembre le vice-président Nicolas Madura comme successeur et futur candidat du Parti socialiste uni (PSUV).

Né en juillet 1954 dans une famille pauvre de l’Etat de Barinas dans les Llanos, les grandes plaines du sud du Venezuela, Hugo Chavez se destine à la profession de peintre puis de joueur professionnel de base-ball, un sport dans lequel il puisait des métaphores pour colorer ses discours politiques.

Lieutenant-colonel parachutiste, il décide de conspirer contre le régime en place, qu’il juge corrompu, au sein d’un "Mouvement révolutionnaire bolivarien" (MRB) qu’il fonde dans les années 1980.

En 1992, resté fidèle à l’uniforme – béret rouge et tenue de camouflage -, il se fait connaÂŒtre à l’occasion d’une tentative de putsch avortée contre le président Carlos Andres Perez qui lui vaut de passer deux ans en prison, mais fonde paradoxalement sa réputation et le propulse sous les feux de la rampe politique.

Signe de sa détermination inébranlable, il reconnaÂŒt alors, juste avant son emprisonnement, que sa tentative de prise de pouvoir est un échec… "pour le moment".

Ce fils d’enseignants tient parole et revient sur le devant de la scène en décembre 1998, par la voie légale cette fois. Elu avec 56% des voix à la tête du cinquième pays exportateur de pétrole au monde, il s’attèle à mettre en oeuvre une "révolution bolivarienne".

Sa politique vise à concilier des positions marxisantes – l’égalité et la distribution de richesses – avec un nationalisme fervent inspiré de Simon Bolivar, héros des luttes pour l’indépendance sud-américaines au XIXe siècle.

Pendant deux ans, il connaÂŒt une lune de miel avec le peuple vénézuélien et en 2000, il est réélu avec près de 60% des suffrages.

Ses ennemis politiques, mais aussi un front patronal et syndical, des évêques catholiques et certains officiers de l’armée dénoncent cependant sa politique "populiste".

Les partenaires sociaux estiment que ses réformes "révolutionnaires", notamment une redistribution aux plus démunis des terres agricoles inoccupées et le contrôle de l’Etat sur l’industrie pétrolière, provoquent le chômage et la fuite des investisseurs.

Le 12 avril 2002, après le lancement d’une grève générale illimitée, Hugo Chavez est évincé du pouvoir par un bref coup d’Etat mené par une frange de la hiérarchie militaire, et le pouvoir est confié à un éphémère "gouvernement intérimaire" dirigé par le chef de la confédération patronale Pedro Carmona.

Moins de 48 heures plus tard, Chavez, soutenu par des manifestants et une partie de l’armée, regagne triomphalement son palais présidentiel de Miraflores à Caracas.

Le gouvernement américain, à qui Hugo Chavez attribue la responsabilité du coup d’Etat, restera toujours la cible privilégiée de ses longs discours, même si à partir de 2008 ses critiques contre le président démocrate Barack Obama, seront bien moins virulentes que contre son prédécesseur, le républicain George W. Bush.

En août 2004, à la suite d’une pétition de l’opposition, Hugo Chavez remportera un référendum sur la poursuite de son mandat avec plus de 59% des voix, et il est réélu à la présidence en 2006 avec plus de 60% des voix.

Son troisième mandat voit néanmoins sa popularité s’effriter, une partie de l’opinion publique se lassant du niveau très élevé de la criminalité et, à partir de 2011, du flou entretenu par Hugo Chavez sur son cancer.

Même s’il annonce être entièrement guéri en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2012, son âge contraste avec la jeunesse de son adversaire, Henrique Capriles, 40 ans, présenté par une opposition pour une fois unie.

Hugo Chavez remporte cependant l’élection, une fois de plus, avec 55% des voix, mais l’élan qui suit sa victoire est vite stoppé en décembre, lorsqu’il annonce une récidive de la maladie et envisage de passer la main.

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