A 14H00, le ministère de l’Intérieur comptabilisait 5.600 manifestants dans toute la France, dont 1.320 à Paris. La semaine dernière à la même heure, 11.600 personnes avaient été recensées, dont 4.000 dans la capitale. Les chiffres officiels sont régulièrement contestés par les "gilets jaunes".
Selon la préfecture de police de Paris, 17 personnes avaient été interpellées en fin d’après-midi. Le défilé parisien de 12 km parti de l’Arc de Triomphe, auquel participaient les figures Éric Drouet et Maxime Nicolle, s’est déroulé sans incident et la dispersion était en cours vers 18H00. Le cortège était pour la première fois encadré par des "gilets jaunes" faisant la sécurité à moto.
"On est moins nombreux que d’habitude mais on est là quand même et c’est l’essentiel, on ne lâchera pas parce que la situation ne va pas s’améliorer on en est sûr", jugeait Murielle, retraitée de Seine-et-Marne.
De nombreux manifestants interrogés par l’AFP ont dit placer leurs espoirs dans la mobilisation du 16 mars, présentée par les figures historiques du mouvement comme une journée clé.
"De l’enfumage"
"16 mars, l’Aquitaine envahit Paris, ultimatum saison 2", proclamait ainsi une grande banderole accrochée sur un échafaudage à Bordeaux où 4.000 "gilets jaunes", de source policière, ont défilé, certains envahissant brièvement la gare.
Cette date coïncide avec la fin du grand débat national lancé le 15 janvier par Emmanuel Macron qui avait estimé vendredi que le mouvement n’était "plus compréhensible par bon nombre de citoyens". Elle marque aussi les quatre mois de la fronde.
La consultation nationale sans précédent de deux mois, pour tenter de répondre à la colère en recueillant les doléances des Français, a suscité 10.000 réunions en France et plus d’un million de contributions sur internet.
"Leur grand débat, c’est de l’enfumage pour fadas", estime Marco, 27 ans, manifestant à Alès (Gard) où des heurts ont éclaté à la fin de la manifestation. Entre 600 et 1.500 personnes y ont battu le pavé derrière de grandes banderoles proclamant "Demain nous appartient", "Bloquons l’économie. Marre de survivre, on veut vivre" ou encore "Justice sociale".
Des échauffourées ont également eu lieu à Nantes dès le départ de la manifestation, ainsi qu’à Lille, où quelques Belges ont rejoint un rassemblement que les organisateurs voulaient "international", à Lyon ou Toulouse.
Dans cette ville du sud-ouest, l’une des places fortes de la contestation, Olivier Barba est déterminé à "maintenir la pression jusqu’à la fin du grand débat (…) pour que le gouvernement nous fasse le moins de mal possible".
"Le mouvement ne s’arrêtera pas tant que le gouvernement ne cèdera pas. Ils ne nous laissent pas le choix, ils ne nous écoutent pas", affirme quant à elle Karine, assistante maternelle dans la banlieue bordelaise.
Ils étaient environ 450 à Bar-le-Duc, plusieurs centaines à Marseille, et un millier à Montpellier. Plus de 2.000 "gilets jaunes" ont aussi manifesté à Lyon.
Statue jaune
A Colmar, des "gilets jaunes" ont enfilé une veste fluo géante sur la réplique de la statue de la Liberté.
Partie d’un ras-le-bol contre la hausse des taxes et pour davantage de pouvoir d’achat, la fronde s’est étendue à des revendications hétéroclites.
Le 17 novembre, ils étaient 282.000 dans la rue pour l’acte 1 de ce mouvement né sur les réseaux sociaux. Le 23 février, ils étaient 46.600 dont 5.800 à Paris, selon les autorités.
Un "gilet jaune" a porté plainte à Paris pour "entrave à la liberté de manifester" et "privation de liberté illégale" après avoir été placé en garde à vue avant la manifestation du 26 janvier.
Une information judiciaire a par ailleurs été ouverte à Marseille après la mort à l’hôpital en décembre 2018 d’une octogénaire, touchée la veille chez elle par un tir de grenade lacrymogène en marge de manifestations.