Gérard Longuet veut un « Français traditionnel » à la tête de la HALDE

Les propos de Gérard Longuet, président du groupe des Sénateurs UMP, affirmant que le futur président de la Halde devrait être issu du « corps français traditionnel » continuent de provoquer colère à gauche et malaise à droite en France.
Le socialiste Malek Boutih, fils d’immigrés algériens, est donné favori pour succéder à Louis Schweitzer à la présidence de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde).

A la question de savoir pourquoi M. Boutih ne correspondait pas, à ses yeux, au poste, il a répondu : "Parce qu’il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains – qui sont d’ailleurs en général italiens ou marocains – doivent faire l’effort sur eux-mêmes de s’ouvrir à l’extérieur." "Si vous mettez quelqu’un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l’opération", a insisté M. Longuet.

Le Parti socialiste, qui crie au scandale, réclame l’intervention de Nicolas Sarkozy.

"Ça commence à devenir assez nauséabond (…) Je voudrais que le président de la République s’exprime", a déclaré sur Canal+ le porte-parole du PS, Benoît Hamon.

A ses yeux, "la droite a un problème avec l’immigration manifestement et tout ça pèse sur le débat politique. Il y a des millions de nos compatriotes qui se sentent légitimement insultés, à répétition, par la droite française".

"J’ai mal à mon pays, j’ai mal à ma France quand j’entends ça", a renchéri sur i>Télé Razzy Hammadi, secrétaire national du PS. "Il y a une véritable banalisation de ce type d’expression".

"Est-ce que l’UMP veut prendre Jean-Marie Le Pen sur sa droite ? Je ne comprends pas", a-t-il ajouté.

La Licra a estimé que le discours de Gérard Longuet témoignait "d’une vision essentialiste et racialiste de notre société".

"Le sénateur ne fait rien de plus que de réhabiliter (…) le statut révolu d’indigène au coeur de notre République", écrit dans un communiqué la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme.

Même indignation du côté de SOS-Racisme : "La vision véhiculée par M. Longuet (…) montre la conception ethnique qu’il s’en fait et qui rappelle la France de Maurras, en contradiction avec la France républicaine qu’il est censé incarner", a dénoncé l’association antiraciste.

"Nous, on a des militants qui ne sont pas du ‘corps français traditionnel’. Le ‘corps français traditionnel’, c’est quelque chose qui pue, c’est quelque chose qui ne sent pas bon", a expliqué Olivier Besancenot, leader du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). "On voit qu’une fois de plus, le gouvernement, l’UMP, font tout ce qu’ils peuvent pour siphonner les voix de l’extrême droite", a insisté la tête de liste NPA en Ile-de-France.

Jean-Louis Borloo, le ministre de l’écologie, a déclaré pour sa part que Malek Boutih a le "bon profil" pour prendre la tête de la Halde, jugeant "rassurant" que Gérard Longuet se soit excusé pour ses propos "malheureux" à l’égard de celui-ci. "Je connais bien Malek Boutih, je l’apprécie énormément" a affirmé, jeudi, M. Borloo sur France Info.

"Ce n’est pas le seul, mais c’est évidemment quelqu’un qui a à la fois la culture initiale du militantisme et en même temps il a pris de la sérénité et de la tranquillité, et moi j’ai beaucoup d’estime pour lui", a poursuivi le ministre. "Ce qui me rassure, c’est qu’il [Gérard Longuet] a dit qu’il était désolé, que c’était une expression malheureuse", a déclaré Jean-Louis Borloo, selon lequel le fait que Malek Boutih soit socialiste n’est pas un obstacle à son éventuelle nomination.

Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre condamne lui aussi les propos de Gérard Longuet. "D’abord j’ai pas compris grand-chose de ce qu’il a dit, ensuite je considère que c’est plutôt regrettable", a déclaré M. Lefebvre interrogé sur France 2.

Il a souligné que M. Longuet avait "lui-même dit que c’était une maladresse". "Pour moi c’était pas très compréhensible, y compris les expressions employées", a affirmé M. Lefebvre. Il accuse les socialistes de vouloir, à quelques jours du premier tour des régionales, "faire une nouvelle polémique pour essayer de masquer leur bilan qui est catastrophique dans les régions et le fait qu’ils n’ont aucun projet à proposer".

"Pour la première fois, je les vois soutenir Malek Boutih" alors que "franchement, on ne peut pas dire que ce soient de bonnes relations entre Malek Boutih et la direction du PS", a-t-il ironisé.

LONGUET AVOUE UNE "EXPRESSION MALADROITE"

Interrogé mercredi soir sur Europe 1, Gérard Longuet a expliqué que son "expression était peut-être raccourcie et maladroite". Il a toutefois maintenu ses propos en affirmant que "dans la symbolique, ce serait bien que la lutte contre la discrimination, et en particulier contre la discrimination raciale, soit appropriée par tous ceux qui ne se sentent pas concernés. Ceux qui se sentent protégés et qui au contraire doivent faire cet effort d’ouverture".

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite