Le contexte de ce discours est extrêmement sensible. La France est sous le choc, blessée au coeur par des attentats terroristes d’une ampleur et d’une gravité inédite. La France a réagi promptement. État d’urgence sur l’ensemble du territoire, contrôle strict des frontières donnant l’impression de suspendre l’espace Schengen, déploiement de dizaines de milliers de soldats et de policiers dans les feu de la capitale.
La France est soumise à un doublé défi. Comment riposter sur la plan interne pour contenir les phénomènes de radicalisation auxquelles succombe une infime partie de sa jeunesse. Et comment riposter sur le plan international pour punir les cerveaux de ces attentats et les inspirateurs de ces menaces. Sur le premier point, il s’agit d’innover des mesures qui accentuent la pression sur les milieux susceptibles d’avoir de la sympathie pour cette mouvance djihadiste. Il s’agit de rassurer sans sacrifier l’esprit du vivre ensemble ni porter atteinte aux valeurs fondamentales de la république. François Hollande subit sur ce point la terrible pression de la droite qui veut faire de l’approche sécurité son cheval de bataille pour gagner la confiance des Français et diminuer celle de la gauche au gouvernement. Le mélange des deux facteurs contexte électoral et attentats terroristes peut s’avérer aussi dangereux qu’explosif.
François Hollande a laissé cette impression d’avoir été sensible aux propositions de la droite qu’elles proviennent de la droite traditionnelle dirigée par Nicolas Sarkozy sur la nécessité d’accentuer la surveillance sur les fichiers "S", ou celles de Marine Lepen qui consiste à déchoir de leur nationalité française tous ceux qui sont susceptibles d’être impliqués ou d’avoir des sympathies envers des postures ou des actes terroristes. François Hollande a surpris les observateurs en adoptant un langage sécuritaire que ne renierait pas la droite. Le journal Le Figaro, porte emblème de la droite reconnaît à Francois Hollande une "lucidité tardive " mais une lucidité quand même qui aura son impact et son prix politique.
Sur la plan international, le président français est aussi sous le feu de la critique. A l’égard de la crise syrienne, il lui est reproché de vouloir mettre sur le même plan de dangerosité le régime de Bachar al Assad et l’organisation de l’état islamique. Un ordre des priorités qui a rendu confuse la mission et l’approche française à une époque où le constat international animé par la diplomatie russe fait de Daech l’ennemi publique numéro un. Une des grandes idées lancées par François Hollande est celle qui consiste à former une seule coalition internationale pour lutter contre Daech. Une entente internationale entre Obama, Hollande et Poutine . D’où l’agenda diplomatique chargé du président français qui va visiter Moscou et Washington pour mettre sur pied cette coalition.
Dans tous ces choix difficiles à prendre aujourd’hui, la France et François Hollande se trouvent devant la grand défi de montrer une fermeté sans faille pour lutter contre la terreur et une nécessité de préserver le vivre ensemble et les valeurs fondatrices du pays que sont la liberté , l’égalité et la fraternité. Agir autrement serait faire des cadeaux inestimables à une organisation terroriste dont le but affirmé est de déstabiliser le pays et de créer de la tension et de la discorde.
François Hollande est connu pour être un homme de synthèse. Mais dans le contexte actuel, certains commentateurs français ont pointé du doigt le fait qu’à l’intérieur de l’équipe gouvernementale, Hollande a choisi la ligne de Jean Yves Le Drian, ministre de La Défense détriment de celle de Laurent Fabius ministres des affaires étrangers , celle de Bernard Cazeneuve , ministre de l’intérieur au détriment de celle de Christiane Taubira, ministre de la justice. Tout cela se fera, selon Hollande à travers une grande mise à jour de l’arsenal constitutionnel français.
Par ailleurs l’autre grande victime des attentats sont les réfugiés syriens. Le fait d’avoir trouvé un passeport syrien sur les lieux de ce crime terroriste confortent ceux qui dénoncent cette ouverture des frontières et cette générosité européenne. Selon le milieux de l’enquête ce passeport est un nom d’Ahmad Al Mohammad né le 10 septembre à Idelb dans le nord est de la Syrie. Les risques de voir Daech profiter de ces filières pour implanter leurs agents et commettre des attentats terroristes influencent l’opinion et les jugements des politiques sur la question et font peser un sombre voile de suspicion sur l’ensemble des demandeurs d’asile politique et humanitaire.