À travers les départs de Giret et Treiner, Pouzilhac et Lesieur défont pièce par pièce l’organisation mise en place par Christine Ockrent, la numéro 2, avec laquelle la cohabitation était devenue chaotique. Sandrine Treiner était, en effet, arrivée de France 3 à France 24 en octobre 2009. C’est une proche de la "Reine Christine". Toutes deux ont, du reste, cosigné un livre, Le Livre noir de la condition des femmes, en 2007. "Pour autant, ça va mieux entre Pouzilhac et Ockrent, confie un membre du conseil d’administration. Ockrent a réaffirmé sa loyauté à Pouzilhac."
La version 2 : un échec financier et audimétrique
Le tandem dirigeant a été composé par Nicolas Sarkozy vers la fin de l’année 2007 au moment de rassembler sous une même ombrelle l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), un holding coiffant France 24, RFI, Monte-Carlo Doualiya… Si le couple Pouzilhac-Ockrent a tenu bon durant toute la restructuration difficile de RFI, les tempéraments de l’un et de l’autre ont généré depuis quelques mois des frictions de plus en plus perceptibles.
Alain de Pouzilhac s’était éloigné de France 24 le temps de régler le plan de départs volontaires de RFI, déléguant à Christine Ockrent la gestion quotidienne de France 24. Mais en reprenant le pouvoir l’été dernier, Pouzilhac a découvert que France 24 allait dans le mur. Le tableau de bord de la chaîne clignotait dans tous les coins. Primo, la situation des comptes n’était pas celle qui lui avait été verbalement rapportée. En son absence, Giret – et Ockrent, forcément – ont recruté 30 collaborateurs francophones de trop alors que les embauches budgétées étaient réservées à l’extension sur 24 heures de la version arabophone de la chaîne. Si bien que les comptes 2010 s’acheminaient vers un déficit de 1,1 million d’euros.
Pouzilhac ménage Ockrent
Secundo, une étude d’audience – à paraître dans quelques jours – montrait que la version 2 de France 24, pilotée par Vincent Giret, avait généré une perte d’audience de 6 % alors que son prédécesseur Grégoire Deniau (chassé comme un malpropre) avait "boosté" l’audience de 32 %… En outre, le curseur de la notoriété indiquait que la marque France 24 avait reculé de 7 %. Par ailleurs, dans l’intervalle d’un an, 9 managers sur 12 avaient fui ce radeau de la Méduse. La personnalité cassante de Christine Ockrent étant à l’origine de certains de ces départs…
"Alain de Pouzilhac a donc réalisé que la dynamique de la chaîne avait subi un coup d’arrêt. La version 2 lui coûtait plus cher, avait perdu de l’audience, reculé en notoriété et provoqué une fuite des cerveaux", résume l’un de ses adjoints. En toute logique, Pouzilhac aurait dû demander des comptes à Ockrent. Les pressions politiques se sont multipliées sur lui durant l’été afin de protéger la compagne du chef de la diplomatie. Pouzilhac a ménagé Ockrent pour ne pas ajouter un scandale politique à une déroute financière. Mais, au passage, tous les pions d’Ockrent ont sauté !