Entre rumeurs colportées et réalités fantasmées, « Le Monde » se perd

Il est difficile d’imaginer qu’un journal aussi réputé puisse se fourvoyer ainsi. Et pourtant !

Dans cette supposée enquête de 6 épisodes sur le Royaume du Maroc, Le Monde prétend offrir un regard éclairé à ses lecteurs, mais sa vision, loin d’être neutre, s’encombre d’un prisme post-colonialiste qui trahit une méconnaissance profonde du pays. Le journal recycle des schémas hérités d’une ère coloniale et colporte rumeurs et potins non vérifiés.

L’article inaugural d’une série promettant de décrypter une prétendue « énigme » autour du souverain marocain illustre parfaitement cette dérive. En se focalisant sur certains détails anecdotiques, le journal se perd à l’insu de son plein gré sur ce qui façonnent réellement le Maroc. Ce choix délibéré reflète une posture, d’un observateur extérieur qui, depuis son siège parisien, croit pouvoir saisir un pays par le prisme de ses propres préjugés.

À titre d’exemple, ses évocations d’un prétendu détachement ou d’une lassitude du Roi Mohammed VI à l’égard de ses responsabilités dénotent une lecture fantasmatique des réalités marocaines complexes auxquelles les journalistes du Monde sont visiblement peu éclairés. Souvent dénuées de contexte ou de compréhension des dynamiques internes, ce regard « journalistique », qui se veut connaisseur, peine à saisir les nuances d’une société en pleine mutation et sombre dans une projection de clichés sur un Maroc que Le Monde semble, en réalité, ne pas connaître du tout.

Pire encore, Le Monde s’abaisse à des spéculations indignes de son rang, colportant des rumeurs et des potins sans s’appuyer sur des faits vérifiables. Ce recours à des anecdotes non vérifiables, en lieu et place d’un travail d’investigation rigoureux qui fit jadis la réputation du journal, interroge. Le ton insidieux et passif-agressif de ces articles ne passe pas inaperçu : il trahit une volonté de sensationnalisme plutôt qu’une quête de vérité.

La série persiste à projeter un regard biaisé sur le Maroc. le portrait consacré au Roi met en exergue une vision ancrée dans un prisme fantasmagorique post-colonial. Le Monde semble s’attarder sur des détails anecdotiques au détriment d’une rigoureuse analyse. Cette approche, loin de démontrer une maîtrise des dynamiques complexes du Maroc, révèle une méconnaissance totale des subtilités culturelles et historiques qui façonnent le Royaume.

Le ton oscillant entre condescendance et ignorance s’est focalisé sur des aspects personnels et des intrigues de cour colportés et esquive les enjeux structurels et contemporains qui font du Maroc un pays émergent et un interlocuteur privilégié sur la scène internationale. Cette focalisation sur le pittoresque semble davantage conçue pour captiver un lectorat occidental, avide de rumeurs sur les royautés, que pour éclairer les réalités et les avancées du Maroc.

Cette dérive journalistique vers l’anecdotique soulève des questions troublantes : Le Monde cherche-t-il à informer ou à flatter une audience avide d’histoires exotiques ? Plus encore, quelles intentions se cachent derrière cette insistance à réduire un pays à une série d’articles sensationnalistes ?

Cette série, par son approche douteuse, semble moins intéressée par le Maroc lui-même que par la construction d’un récit qui conforte les présupposés d’un regard extérieur. En s’appuyant sur des sources souvent anonymes ou éloignées des réalités du terrain, Le Monde perpétue une vision simpliste, à la limite du caricatural. 

Les observateurs avertis sont en droit de se demander si le journal, en s’engageant dans cette voie, ne sacrifie pas son héritage d’exigence intellectuelle pour des considérations plus mercantiles, voire au profit d’intérêts ou de desseins qui demeurent, eux aussi, énigmatiques.

 

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