Élections en Catalogne : la ruée vers les urnes

Les Catalans doivent décider jeudi si les indépendantistes reviennent au pouvoir à Barcelone, après qu’une partie de l’exécutif déchu s’est exilée en Belgique.

Journée décisive pour les Catalans, indépendantistes ou non. Jeudi, les élections régionales organisées après la déclaration d’indépendance de Carles Puigdemont et la reprise en main de la région par Madrid, doivent permettre de décider du retour ou non des séparatistes. Cerains étant poursuivis par la justice, deux mois après cette proclamation d’une République de Catalogne mort-née qui a ébranlé l’Espagne. Mobilisés par cet enjeu crucial après des semaines d’angoisse et de tensions, les Catalans ont formé de longues files d’attente devant les bureaux de vote sous un soleil hivernal, avant même leur ouverture à 9 heures (8 heures GMT).

La participation aux élections régionales en Catalogne jeudi à 18 heures (17 heures GMT) était en forte hausse, de plus de cinq points, par rapport au précédent scrutin régional en septembre 2015, selon des données officielles. A deux heures de la fermeture des bureaux de vote, 68,32 % des électeurs s’étaient déplacés, contre 63,12 % à la même heure lors des élections de 2015, qui avaient déjà beaucoup mobilisé les électeurs, avec un taux final qui avait atteint presque 75 %. Des chiffres difficilement comparables, vu que les Catalans travaillent jeudi tandis qu’en 2015 ils avaient voté un dimanche.

"Oui on non"

"Le vote d’aujourd’hui, c’est oui ou non à l’indépendantisme en Catalogne", résumait Gloria Garcia, une standardiste de 57 ans dans la banlieue ouvrière de Santa Coloma de Gramenet, au nord de Barcelone. Les sondages prévoient une forte participation des 5,5 millions d’électeurs qui doivent renouveler leur parlement après une campagne atypique, avec des candidats en prison ou en fuite en Belgique, comme l’ancien président indépendantiste destitué Carles Puigdemont. Dans une Catalogne divisée, un million d’indécis peuvent faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre, bien qu’il semble improbable qu’une formation dispose jeudi soir d’une majorité absolue.

En 2015, les séparatistes avaient pour la première fois remporté une majorité des sièges au parlement catalan (72 sur 135), avec 47,8 % des suffrages. En octobre, les indépendantistes ont organisé un référendum d’autodétermination interdit, marqué par des violences policières, qu’ils ont affirmé avoir remporté avec 90 % de "oui" et un taux de participation de 43 %. Puis, le 27 octobre, 70 députés catalans sur 135 ont proclamé l’indépendance de la "République de Catalogne".

Pour tuer dans l’oeuf cette tentative de sécession, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a mis la région sous tutelle et destitué le gouvernement. Mais il a aussi immédiatement convoqué ce scrutin, promettant qu’il permettrait ainsi un "retour à la normalité", après la déclaration d’indépendance qui avait inquiété toute l’Europe. La suspension de facto de l’autonomie pourrait encourager les indépendantistes. Mais le coup de frein aux investissements et au tourisme ainsi que le déménagement de siège social de quelque 3 000 entreprises craignant l’instabilité mobilisent les partisans de l’unité.

Les conservateurs au pouvoir en Espagne, les libéraux du parti Ciudadanos et leurs adversaires socialistes ont fait campagne en fustigeant "le cauchemar" et "la folie" indépendantistes. "Cette élection n’est pas seulement importante pour la Catalogne, elle l’est aussi pour toute l’Espagne et l’Europe", a insisté jeudi la dirigeante en Catalogne du parti libéral Ciudadanos, Inès Arrimadas. "L’enjeu, pour moi, c’est plutôt qu’on soit tous espagnols et Ciudadanos peut représenter le changement parfait pour maintenir résolument l’unité de l’Espagne", explique Gloria Garcia, un drapeau espagnol noué autour du cou.

Selon les sondages, la bataille pour la première place devrait se jouer entre le parti sécessionniste de gauche ERC du vice-président destitué Oriol Junqueras – inculpé et emprisonné pour "rébellion" – et Ciudadanos, parti qui s’est créé pour lutter contre les nationalistes. Les deux principaux dirigeants destitués par Madrid se présentent sur des listes séparées, mais dénoncent ensemble la "répression" de Madrid.

Carles Puigdemont, conservateur et indépendantiste, entend reconquérir son poste dans les urnes, en sachant qu’il serait arrêté s’il rentrait en Espagne.

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