Crise au Liban : Saad Hariri sera samedi à Paris

Le Premier ministre démissionnaire libanais sera reçu par le président de la République. Emmanuel Macron l’a invité pour « quelques jours ».

La France continue de s’imposer en pointe sur le dossier libanais. Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri sera samedi en France, a annoncé jeudi l’Elysée, après un démenti de Ryad sur une restriction de ses mouvements en Arabie saoudite. Cette annonce a coïncidé avec une visite à Ryad du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian qui a rencontré Saad Hariri, 47 ans, un protégé de l’Arabie saoudite. La démission surprise le 4 novembre depuis Ryad de Saad Hariri, qui a notamment accusé l’Iran et son allié libanais, le Hezbollah, de "mainmise" sur le Liban, a fait craindre une escalade des tensions entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, les deux puissances régionales rivales.

"L’Elysée confirme la venue en France de Saad Hariri et la rencontre avec le président de la République samedi à l’Elysée", a indiqué à l’Agence France Presse la présidence. La France, qui entretient des liens très étroits avec le Liban, s’est récemment démenée pour trouver une issue à la crise. Plus tôt jeudi, l’Elysée avait indiqué que Saad Hariri "devrait arriver en France dans les prochains jours", à l’invitation d’Emmanuel Macron. "Saad Hariri a accepté l’invitation du président de la République", a dit Jean-Yves Le Drian à des journalistes.

Interdiction de quitter le royaume saoudien ?

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, l’homme fort d’Arabie saoudite qui doit se rendre à Paris début 2018, "en a été informé", a-t-il souligné. Depuis l’annonce de la démission de Saad Hariri, qui avait dit aussi craindre pour sa vie, informations et rumeurs ont circulé sur une interdiction au Premier ministre libanais de quitter le royaume saoudien après avoir été "contraint" à la démission. Et, mercredi, le président libanais Michel Aoun n’a pas hésité à affirmer qu’il le considérait "en captivité" à Ryad. Réfutant ces accusations, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a affirmé jeudi que Saad Hariri était libre de quitter l’Arabie saoudite "quand il veut".

"Hariri est un citoyen saoudien et un citoyen libanais et en tant que tel, on ne peut pas le retenir, ce sont des allégations mensongères", a affirmé Abel al-Jubeir, le premier responsable saoudien de ce rang à clarifier publiquement le statut de Saad Hariri. Abel al-Jubeir a en outre renouvelé les accusations contre le mouvement chiite Hezbollah, rival de Saad Hariri mais avec lequel ce dernier avait formé un gouvernement il y a un an. "Le Hezbollah est une organisation terroriste de première catégorie", a-t-il soutenu, accusant ce mouvement d’avoir "pris en otage l’Etat au Liban, d’y avoir bloqué le processus politique et d’être devenu un instrument aux mains des Gardiens de la révolution" iraniens.

Le "début d’une solution" ?

La démission de Saad Hariri a été perçue comme un nouveau bras de fer entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui s’affrontent déjà sur plusieurs dossiers régionaux, notamment les guerres au Yémen et en Syrie. Lors de la conférence de presse, Jean-Yves Le Drian – qui a rencontré les dirigeants saoudiens lors d’une visite de 24 heures – a souligné que le Liban devrait rester "à l’abri des ingérences" étrangères. Il a abondé dans le sens de l’Arabie saoudite, dénonçant la "tentation hégémonique" de l’Iran et s’inquiétant de son programme de missiles balistiques. Au Liban, Michel Aoun a affirmé qu’il attendrait le retour de Saad Hariri de Paris pour discuter de sa démission. Il a estimé que son acceptation de l’invitation à se rendre en France était "le début d’une solution".

Le voyage attendu de Saad Hariri en France est une porte de sortie pour lui, mais il pourrait sonner le glas de sa carrière politique, selon des experts. Pour Amal Saad, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise, le voyage de Saad Hariri signifie soit l’exil et la fin de sa carrière politique, soit un retour au Liban et des négociations avec le Hezbollah. "Soit il devra démissionner de toute la vie politique (…)", soit "Paris est juste une escale, et il reviendra à Beyrouth négocier un deal avec le Hezbollah". (Avec AFP)

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