Coronavirus: récession majeure attendue en Europe, Pékin ferme la porte à une enquête

L’Europe s’attend à une récession historique en 2020, les pays du Sud étant particulièrement affectés par l’arrêt du tourisme entraîné par l’épidémie de coronavirus au sujet de laquelle la Chine, sur le banc des accusés, a refusé catégoriquement mercredi d’ouvrir une enquête internationale.

Masques, caméras infrarouges pour détecter une possible fièvre et distances de sécurité: les lycéens de Terminale ont repris les cours mercredi à Wuhan, la métropole chinoise d’où l’épidémie de Covid-19 est partie en décembre avant de gagner l’ensemble de la planète.

Cette maladie respiratoire a fait au moins 256.000 morts dans le monde et contraint plus de la moitié de l’humanité à rester chez elle.

Dans quelles circonstances est-elle apparue ? L’administration américaine a affirmé détenir des « preuves » que le SARS-CoV-2 s’était échappé de l’Institut de virologie de Wuhan.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo « ne peut présenter de preuves » d’une fuite hors de ce laboratoire « parce qu’il n’en a pas », a réagi Pékin mercredi.

Quant à ouvrir une enquête internationale, il n’en est pas question. « La priorité est de se concentrer sur la lutte contre la pandémie jusqu’à la victoire finale (…). Nous n’avons pas de temps à perdre pour sauver des vies », a déclaré mercredi l’ambassadeur chinois auprès des Nations unies à Genève.

Normalisation au pas de charge

En Europe, l’Allemagne doit franchir mercredi une étape décisive dans le déconfinement en autorisant la réouverture de tous les magasins et écoles en mai, selon un projet d’accord entre le gouvernement et les régions obtenu par l’AFP.

Ces mesures sont possibles car depuis le début du déconfinement le 20 avril, « le nombre de nouvelles infections » au coronavirus « est resté faible » et « aucune nouvelle vague » de contamination n’a été observée, souligne le texte.

Berlin compte même autoriser en mai la reprise, à huis clos, de son championnat de football. Cependant, les grandes manifestations sportives, culturelles ou festives devraient rester interdites jusqu’à fin août « au moins » dans ce pays où 7.000 personnes ont succombé au coronavirus.

De quoi conforter le président américain Donald Trump dans sa volonté de passer à une « nouvelle phase de la bataille », au moment où les Etats-Unis ont franchi mardi le cap des 70.000 décès liés au coronavirus.

« Nous devons ouvrir notre pays et nous devons l’ouvrir bientôt », a lancé le président américain depuis une usine Honeywell de masques à Phoenix, dans l’Arizona. Lui-même n’en portait pas, se contentant de lunettes de protection.

Le tourisme à l’arrêt

Dans le reste du monde, la pression pour déconfiner s’accroît à mesure que les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent, et à l’approche des vacances d’été en Europe.

La Commission européenne a prédit mercredi une récession « historique » dans l’UE cette année, avec une chute record du PIB de 7,7 % en zone euro, puis un rebond de 6,3 % en 2021.

« La profondeur de la récession et la force de la reprise sera différente selon les pays, conditionnée à la vitesse avec laquelle ils pourront lever les mesures de confinement, l’importance dans chaque économie des services, comme le tourisme, et les ressources financières de chacun des Etats », a souligné le Commissaire européen à l’Economie, l’Italien Paolo Gentiloni.

Sans surprise, les pays où sont attendues les plus fortes récessions sont la Grèce (-9,7 %), l’Italie (-9,5 %) et l’Espagne (-9,4 %), aux économies très dépendantes du tourisme.

Le secteur, dont dépendent plus de 300 millions d’emplois et 10 % du PIB mondial, est l’un des plus durement touchés par la pandémie.

Deuxième destination touristique mondiale, l’Espagne a vu le nombre de visiteurs étrangers chuter de 64,3 % en mars sur un an, et de plus de 25 % sur les trois premiers mois de l’année.

Airbnb, l’une des entreprises emblématiques du tourisme mondialisé, a annoncé devoir se séparer de 25 % de ses 7.500 employés. La plateforme de réservation de logements est confrontée à deux « dures réalités: nous ne savons pas quand les voyages reprendront, et quand ils l’auront fait, ce sera différent », a reconnu Brian Chesky, son cofondateur.

Vélo contre prise de poids

Si les touristes ont déserté les capitales, celles-ci, à l’instar de Berlin, Paris ou New York, se transforment à marche forcée.

Au Royaume-Uni, devenu mardi le deuxième pays le plus endeuillé par le nouveau coronavirus après les Etats-Unis, avec 29.427 morts, Londres va créer un réseau temporaire de pistes cyclables pour multiplier par 10 les kilomètres parcourus en vélo, a annoncé mercredi la mairie.

Le vélo sera bienvenu pour éliminer les kilos en trop. Entre manque d’activité physique et grignotage, les Français ont pris en moyenne 2,5 kg depus le début du confinement le 17 mars, selon un sondage paru mercredi.

Conséquence du confinement, 42 % des sondés déclarent avoir eu des « tensions ou de vives discussions » avec leur conjoint sur la répartition de la charge liée à la préparation des repas. Et, au sein du couple, ce sont principalement les femmes qui préparent la majorité des repas (71 %).

Doutes sur les chiffres russes

En Espagne, qui déplore 25.613 morts, le Premier ministre Pedro Sanchez a prévu de s’adresser mercredi aux députés qui doivent se prononcer sur la prolongation de l’état d’urgence.

Face à l’amélioration de la situation sanitaire, Madrid a commencé toutefois à relâcher les mesures particulièrement strictes imposées à la population.

Un point d’étape sur le processus de sortie de crise est également au menu du gouvernement belge mercredi.

Le président russe Vladimir Poutine réunit lui aussi son gouvernement mercredi sur le déconfinement du pays, devenu le cinquième pays d’Europe le plus touché par le coronavirus en nombre de contamination, après avoir enregistré plus de 10.000 nouveaux cas pour le quatrième jour d’affilée.

Avec 1.537 morts, le taux de mortalité demeure faible par rapport à l’Italie, la France, ou les Etats-Unis. Pour les autorités, c’est le résultat de la fermeture rapide des frontières, du grand nombre de tests effectués et d’un suivi des infections. Mais des voix mettent en doute ces statistiques.

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