Coronavirus/France : Philippe doit esquisser le déconfinement

Les Français devront-ils le 11 mai sortir masqués ? Comment rouvriront les écoles ? Edouard Philippe doit esquisser les premières pistes du déconfinement dimanche, alors que l’épidémie de Covid-19 qui frôle déjà les 20.000 morts oblige l’Etat à secourir les grandes entreprises, à commencer par Fnac Darty.

Un mois de confinement a ralenti la contagion, sans la stopper. Le nombre d’hospitalisations et d’admissions en réanimation recule depuis plusieurs jours mais le bilan continue de s’alourdir, avec 19.323 morts décomptés samedi, soit 642 morts de plus en 24 heures.

Dans une économie paralysée, le gouvernement veut montrer qu’il portera secours aux grands groupes français. Le distributeur Fnac Darty a annoncé dimanche avoir obtenu un prêt de 500 millions d’euros dont 70% garantis par l’Etat, afin de pouvoir redémarrer avec un socle de liquidités.

C’est le premier prêt que l’Etat octroie à une grande entreprise française, a souligné le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Sur le front sanitaire, dans l’absence de traitement pour l’instant rien n’est réglé, comme devraient le rappeler le Premier ministre et son ministre de la Santé Olivier Véran lors de leur conférence de presse à 17H30, aux côtés du directeur général de la Santé Jérôme Salomon et de la professeure Florence Ader, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon.

Ce nouvel exercice de pédagogie ne fournira pas toute les réponses. Le gouvernement présentera seulement fin avril un plan global, piloté par le haut fonctionnaire et maire Jean Castex, bombardé « monsieur déconfinement » par Emmanuel Macron.

Edouard Philippe et Olivier Véran devraient donc d’abord rappeler la nécessité impérieuse de respecter un confinement strict jusqu’au 11 mai, condition sine qua non de la levée progressive des restrictions.

Ils répondront ensuite aux questions posées par une seule journaliste présente à Matignon, qui centralisera les questions des médias.

Les autorités craignent un relâchement à l’approche des ponts de mai après près de deux mois sous cloche. Samedi, ils étaient encore 5.833 patients en « réa », au-delà des 5.000 lits disponibles avant le début de la crise.

L’épidémie peut flamber à nouveau. « Ne relâchons pas nos efforts au moment où le confinement porte ses fruits », a insisté samedi la Direction générale de la Santé.

Les responsables politiques commencent pourtant de plus en plus à parler de l’après, ne serait-ce que pour donner un horizon la population.

La maire de Paris Anne Hidalgo prévoit ainsi de distribuer gratuitement aux Parisiens en pharmacie 500.000 masques en tissu lavables dès la fin avril et plus de 2 millions courant mai.

Le ministre chargé des collectivités territoriales Sébastien Lecornu a lui déclaré samedi que les conseils municipaux élus au premier tour pourraient être installés fin mai-début juin.

Défi colossal
Le défi le plus colossal reste le retour aux travail de millions de Français sans risque d’une « deuxième vague », en conciliant les contraintes économiques et sanitaires.

Le PIB français devrait chuter d' »au moins 8% » cette année, rappelle le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans le Journal du dimanche.

Le Premier ministre doit aussi déminer lors de son exposé pédagogique les différentes polémiques. Emmanuel Macron a coupé lui-même court dès vendredi à celle touchant aux séniors en appelant à ne pas les « discriminer » en prolongeant leur confinement au-delà du 11 mai, appelant à leur « responsabilité individuelle ».

Le chef de l’Etat joue gros sur ce déconfinement qu’il a annoncé lundi dernier. « On jugera Macron au coup de sifflet final » dans ce « match contre la mort », estime l’ex-ministre et patron de l’OM Bernard Tapie.

Seuls 46% des Français font confiance au gouvernement pour « faire face à la crise », selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, un chiffre en nette augmentation (+8 points) mais toujours minoritaire.

La question des masques pour le grand public focalise les critiques, dans l’attente d’une doctrine claire.

Dans une lettre dont l’AFP a obtenu copie, les principaux opérateurs de transports en commun (SNCF, RATP, Transdev, UTP, Keolis…) ont demandé au Premier ministre de rendre le port du masque obligatoire non seulement dans les transports mais dans tous les lieux publics où la distanciation sociale est impossible.

Edouard Philippe et Olivier Véran devraient également préciser le dispositif de dépistage et de suivi des nouveaux cas, alors que les pays qui ont le mieux combattu l’épidémie ont massivement testé leur population.

« Il faut aller plus vite, comme en Allemagne ou en Corée » du Sud, insiste l’ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy.

Les critiques touchent également l’armée après la découverte d’une vague de contamination sur le porte-avions Charles de Gaulle, où 1.046 marins ont été testés positifs, sur 1.760. Deux enquêtes ont été diligentées, sur la gestion de la crise et le processus de contamination du bâtiment d’autre part.

Les procédures ont été respectées mais sans doute, avec le recul, n’étaient-elles pas suffisantes, a admis le général François Lecointre, chef d’état-major des armées samedi sur TF1.

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