Cancer de la peau: Des lysosomes peuvent prédire de la formation métastatique du mélanome cutané (étude)
Ces « usines cellulaires », selon leur position dans la cellule, influenceraient directement la capacité du cancer à se propager, soulignent les chercheurs dans une étude menée en collaboration avec plusieurs laboratoires parisiens.
Le mélanome cutané reste redoutable dès lors qu’il quitte son site d’origine pour envahir d’autres organes. Mais comment savoir, dès les premiers stades, si une tumeur cutanée évoluera vers une forme métastatique ? C’est à cette question que le groupe de chercheurs, dirigé par le professeur Jacky Goetz, du laboratoire Immuno-rhumathologie moléculaire de l’Université de Strasbourg, a tenté de répondre, indique un communiqué de l’Université.
“Nous avons découvert que l’agencement des lysosomes dans les cellules de mélanome est fortement corrélé à l’agressivité tumorale observée chez les patients”, affirme Jacky Goetz, cité dans le communiqué.
Les lysosomes, connus pour leur rôle dans la dégradation de déchets cellulaires, jouent aussi un rôle essentiel dans la capacité des cellules cancéreuses à se déplacer, a-t-il dit, expliquant que lorsqu’ils se déplacent vers la périphérie de la cellule, ils libèrent des enzymes capables de digérer la matrice extracellulaire – le tissu environnant -, facilitant ainsi la progression tumorale.
“En étudiant des échantillons de patients à différents stades de la maladie, nous avons constaté une relocalisation progressive des lysosomes vers la périphérie à mesure que le cancer devenait plus agressif”, a précisé, de son côté, Katerina Jerabkova-Roda, co-auteure de l’étude.
Les chercheurs ont également identifié un acteur clé de ce processus : les gènes KIF, qui codent pour des protéines motrices responsables du transport intracellulaire des lysosomes.
“La surexpression des gènes KIF accompagne la migration des lysosomes vers la périphérie. Cela constitue un mécanisme essentiel pour l’invasion tumorale”, explique Vincent Hyenne, chercheur principal de l’équipe.
Pour valider ces observations, les scientifiques ont utilisé deux modèles animaux – le poisson zèbre et la souris –, dans lesquels l’inhibition du déplacement des lysosomes s’est traduite par une réduction nette de la formation de métastases, selon la même source.
“ Lorsque nous bloquons le transport des lysosomes, l’agressivité tumorale diminue nettement ”, confirme Philipe Rondé, chercheur au CNRS.
L’impact clinique de cette découverte pourrait être majeur. Aujourd’hui, aucun biomarqueur ne permet d’anticiper, dès les premiers stades, si un mélanome évoluera vers une forme métastatique, précise-t-on.
“L’analyse de la position des lysosomes dans des biopsies pourrait devenir un outil diagnostique précieux pour ajuster le traitement en fonction du risque réel d’évolution du cancer”, souligne le Professeur Lipsker.
Ces travaux fondamentaux ouvrent la voie à des stratégies moins toxiques et plus ciblées, pour limiter l’invasion tumorale, conclut Jacky Goetz.
