Braquage: la cour rejette la demande de renvoi du procès de Redoine Faïd
La présidente de la cour d’assises du Pas-de-Calais a rejeté jeudi soir la demande de renvoi du procès en appel de Redoine Faïd pour braquage d’un fourgon blindé en 2011, formulée par les avocats de l’as de l’évasion, absent et en grève de la faim.
La présidente Sylvie Karas a décidé de maintenir ce procès, refusant, après plusieurs heures de suspension d’audience, la demande des conseils de Faïd, qui ont annoncé des pourvois en cassation, non suspensifs.
Elle a également annoncé que l’audience se poursuivrait dans la soirée jusqu’à la désignation des jurés et a commis d’office l’une des avocates de Redoine Faïd, Me Yasmina Belmokhtar, qui lui a répondu qu’elle ne serait pas présente au procès.
Les conseils de Faïd avaient formulé leur demande de renvoi pour plusieurs raisons: grève des avocats, incompétence de la cour d’assises de Saint-Omer pour les affaires de criminalité organisée, client pas en état de se défendre en raison de sa grève de la faim et de la soif, entamée il y a une semaine pour dénoncer ses conditions à l’isolement – « pires que Guantanamo », selon Me Franck Berton.
La présidente a rejeté leurs arguments, estimant notamment que l’accusé avait entamé cette grève de la faim pour se soustraire à la cour et qu’il recommencerait cette action si le procès était reporté.
Redoine Faïd a refusé par deux fois dans la journée d’être extrait de sa cellule de Vendin-le-Vieil, à 80 km de là.
Dans les couloirs, Me Berton a déploré le rejet du renvoi du procès par la présidente, pour qui « il faut que la justice passe coûte que coûte et peu importe les droits de l’Homme ».
Il a annoncé trois pourvois auprès du président de la Cour de cassation et réaffirmé qu’il quittait le banc de la défense d’un « homme entre la vie et la mort » et « toujours pas hospitalisé » malgré ses demandes.
« Quand quelqu’un joue avec sa vie, c’est qu’il est désespéré », a ajouté Me Berton, qui ira voir vendredi son client pour lui signifier la décision de la cour et lui demander s’il veut ou non arrêter sa grève de la faim.
Faïd, 47 ans, a fait appel du verdict de la cour d’assises du Nord qui l’a condamné en octobre 2017 à 18 ans de prison. Tout comme quatre complices, il avait été reconnu coupable d’avoir attaqué à l’explosif un fourgon blindé de la société Loomis sur une route nationale du Pas-de-Calais le 17 mars 2011, dérobant plus de deux millions d’euros.
Des six accusés, seul Fabrice Hornec – cousin des frères Hornec, figures du grand banditisme de la région parisienne – avait été acquitté. Tous s’étaient dits innocents et Faïd a toujours nié une quelconque participation.