Braquage d’un fourgon en 2011: Redoine Faïd condamné en appel à 28 ans de réclusion
Le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd a été condamné vendredi en appel à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Pas-de-Calais pour l’attaque d’un fourgon blindé en 2011, soit dix ans de plus qu’en première instance.
Le ministère public avait requis jeudi 25 ans de réclusion à l’encontre de Faïd, âgé de 47 ans, jugé notamment pour vol en bande organisée avec menace d’une arme, destruction de biens d’autrui, violences en réunion et association de malfaiteurs.
Déjà condamné à 25 ans en 2018 de réclusion pour son rôle d' »organisateur » d’un braquage raté en 2010 ayant coûté la vie à une policière municipale, Redoine Faïd est incarcéré à l’isolement au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) depuis l’automne 2018, l’une des prisons les plus sécurisées de France.
La peine prononcée vendredi en appel est confondue avec cette condamnation à 25 ans. La cour l’a également condamné à l’interdiction de port d’armes et de séjour dans les Hauts-de-France pendant cinq ans.
« C’est un sentiment très mêlé, face à un quantum d’une violence inouïe et pas justifiée dans une affaire où il n’y a pas une goutte de sang. Mais cette peine (…) est plus favorable et indolore que la peine de première instance », car elle n’entraîne que trois années de prison supplémentaires, a réagi Me Hugues Vigier, .
Le 19 octobre 2017, la cour d’assises du Nord l’avait condamné à 18 ans de réclusion criminelle, le reconnaissant coupable, avec quatre autres complices, d’avoir attaqué à l’explosif un fourgon blindé de la société Loomis sur une route nationale du Pas-de-Calais le 17 mars 2011, dérobant plus de deux millions d’euros.
Faïd, Saïd Agouni, tenu pour le logisticien, et un autre complice avaient été arrêtés dans un snack près de Lille en juin 2011.
Absent depuis le début de son procès, Redoine Faïd, qui avait entamé une grève de la faim le 20 février pour protester contre ses conditions de détention à l’isolement, a de nouveau refusé vendredi d’être extrait de sa cellule pour se présenter au tribunal.
Il a arrêté sa grève de la faim mercredi soir, a assuré à l’AFP Me Hugues Vigier, confirmant une information du JDD. Ses avocats étaient également absents lors des débats.
– « Professionnels » –
« Agouni est là seul dans le box alors que Redoine Faïd est un lâche… Les victimes, elles, sont venues et se serrent les coudes depuis le premier jour d’audience », avait lancé jeudi Me Carine Delaby-Faure, avocate d’un gendarme, tenu en respect par des coups de feu alors qu’il s’était arrêté en pensant avoir affaire à un accident de la route.
« Le braquage est l’œuvre de professionnels et c’est un miracle s’il n’y a pas eu de mort », a-t-elle ajouté.
La cour a délibéré pendant près de six heures, les jurés ayant à répondre à pas moins de 50 questions afin d’établir les responsabilités de chacun.
Saïd Agouni a pour sa part été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, la même peine qu’en première instance, alors que l’avocat général Jean-Francis Créon avait requis jeudi 18 ans de réclusion criminelle à son encontre.
Pour son avocat, Me Quentin Lebas, « la peine reste lourde » mais « la Cour lui a fait confiance en ne lui appliquant pas une peine complémentaire (…) pour lui permettre une réadaptation sociale quand il sortira de prison ». « En ce sens, nous sommes satisfaits », a-t-il déclaré.
Fahri Berisa, 3e accusé de ce procès, contre lequel deux ans d’emprisonnement avaient été requis, a quant à lui été acquitté.
« Mon client et moi nous sommes défendus et nous n’avons rien lâché (…) Nous sommes satisfaits de voir que la justice a été enfin rendue », a confié son avocat, Me Ludovic Baron.
En 2017, Redoine Faïd avait aussi été condamné à 10 ans de prison pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin (Nord) en avril 2013. Il a fait appel de cette décision. Il doit encore être jugé pour sa spectaculaire évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018.