Cette transaction était déjà gelée depuis le 16 juin sur décision d’un tribunal administratif d’Alger, saisi par le gouvernement.
Statuant sur le fond, le juge Mohamed Dahmane a ordonné "le retour à l’état initial de la propriété" du groupe créé en 1990 par une vingtaine de journalistes qui ont lancé le quotidien arabophone El-Khabar.
"Je suis très satisfait de cette décision", a réagi l’avocat du gouvernement, Me Nadjim Bitam, interrogé par l’AFP.
"La décision n’est pas une surprise puisqu’on n’est pas dans un état de droit", a dénoncé le directeur du quotidien El-Kabar, Cherif Rezki.
Le gouvernement, avec lequel M. Rebrab est en délicatesse sur plusieurs projets d’investissements, s’est opposé à la transaction en s’appuyant sur une loi interdisant la concentration des médias.
M. Rebrab, patron de Cévital, premier groupe privé algérien et déjà propriétaire du quotidien francophone Liberté, avait mis sur la table plus de 40 millions d’euros pour cette acquisition.
Le quotidien El-Khabar est l’un des plus gros tirages de la presse algérienne, il avait dépassé les 500.000 exemplaires au début des années 2000.
Le groupe s’est ensuite agrandi avec une société de diffusion et d’impression puis par une chaîne de télévision, KBC.
Mais la création de cette chaîne, financée par le quotidien dans un marché publicitaire déprimé, a fragilisé le groupe, conduisant ses actionnaires à le céder.
M. Rebrab a racheté le groupe par le biais de sa filiale Ness Prod.
Dans une affaire connexe, la justice a aussi rejeté mercredi une demande de remise en liberté provisoire du directeur de la télévision privée KBC et d’un producteur, a-t-on appris auprès de leur avocat, Me Khaled Bergheul.
"La chambre d’accusation du tribunal d’Alger a confirmé l’ordonnance de placement en détention préventive" du directeur Mehdi Benaïssa et du producteur Riad Hartouf ainsi que de Mounia Nedjaï, directrice au ministère de la Culture, a déclaré Me Bergheul à l’AFP.
Incarcérées depuis le 24 juin, les trois personnes sont appelées à comparaître le 18 juillet devant le tribunal correctionnel d’Alger, selon l’avocat.
Elles sont accusées de "fausse déclaration et complicité d’abus de fonction".
Dans cette affaire, la justice enquête sur les conditions de réalisation de deux émissions à grand succès diffusées par la chaîne.
Les enquêteurs tentent de déterminer si le contenu des émissions est conforme à une autorisation de tournage délivrée par le ministère de la Culture.
Dans une réaction à ces décisions, l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a "déploré" l’annulation de la vente du groupe de presse et demandé une nouvelle fois la "libération immédiate" des journalistes Mehdi Benaïssa et Riad Hartouf.
"Depuis plusieurs semaines, RSF soutient le groupe de presse arabophone El Khabar face aux nombreuses pressions auxquelles il est soumis", écrit RSF dans un communiqué.
Source AFP