La police, qui quadrille le centre de la capitale algérienne, tente de repousser, parfois à coups de matraque, les manifestants rassemblés près de la Grande Poste, lieu traditionnel de rassemblement au coeur d’Alger du "Hirak", le "mouvement" populaire de contestation du régime, né le 22 février.
Les policiers ont sommé les manifestants de se disperser et a procédé à une dizaine d’arrestations, mais les manifestants refusent de quitter la rue, selon la journaliste de l’AFP.
Une partie des manifestants s’étaient rassemblés, à l’appel des réseaux sociaux, sur la Place du 11-Décembre-1960, dans le quartier de Belouizdad (ex-Belcourt), en ce jour anniversaire du déclenchement des grandes manifestations de décembre 1960 contre le pouvoir colonial français, parties notamment de ce quartier d’Alger et qui s’étaient propagées durant une semaine à travers l’Algérie.
Ils ont ensuite pris la direction de la Grande Poste, à 4 km de là et y ont rejoint de nombreux autres manifestants après avoir réussi à contourner des cordons de police en tenue anti-émeutes.
"Makache l’vote" ("Pas de vote"), ont notamment scandé les manifestants, brandissant des cartons rouges en signe de refus de la tenue de la présidentielle, prévue jeudi pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint en avril à la démission par la contestation, après 20 ans de pouvoir.
"Algérie libre et démocratique", martèlent-ils aussi.
Le "Hirak" exige depuis le démantèlement total du "système" politique en place depuis l’indépendance en 1962 et refuse qu’il organise un scrutin perçu comme une manoeuvre devant lui permettre de se régénérer.
La police, qui bloque l’accès à la place de la Grande Poste tente de repousser les manifestants qui crient en choeur: "Aujourd’hui, on passe la nuit dehors!".
Toute manifestation est légalement interdite à Alger depuis 2001 et depuis février la police ne tolère que les cortèges hebdomadaires du Hirak le vendredi, et ceux des étudiants le mardi.
"Pas de marche arrière, le pouvoir à la fourrière", chantent-ils également, conspuant le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et incarnation du haut commandement militaire qui assume ouvertement la réalité du pouvoir depuis le départ de M. Bouteflika.
Des manifestations réclamant l’annulation du scrutin se déroulent également à Constantine (2e ville du pays) ou à Bouira, ville de la région de Kabylie (à une centaine de km à l’est d’Alger), selon les réseaux sociaux.