Algérie: deux ans de prison requis contre des porteurs de drapeau berbère

Le Parquet a requis lundi à Alger deux ans de prison ferme contre 20 manifestants, accusés notamment d’"atteinte à l’intégrité du territoire national" pour avoir porté des drapeaux berbères, un procès boycotté par la défense, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le procès s’est poursuivi sans avocats après le départ du collectif de défense.

Une partie des accusés était jugée pour avoir porté "le drapeau amazigh" (berbère), banni par l’armée des manifestations antirégime dont l’Algérie est le théâtre depuis neuf mois, d’autres pour avoir fabriqué et vendu des pin’s favorables à la contestation.

Ils sont notamment accusés d’"atteinte à l’intégrité du territoire national" et d’"outrage à l’institution militaire", passibles respectivement de 10 et 5 ans d’emprisonnement.

Dans une salle bondée, Me Salem Khatri a informé la Cour que "le collectif de défense a décidé de boycotter l’audience et de ne pas plaider, face à l’absence d’un procès équitable".

"Des décisions différentes rendues dans des affaires similaires donnent une mauvaise image de la justice", a justifié Me Khatri, en référence aux disparités de verdicts prononcés récemment pour les mêmes faits et les mêmes chefs par deux tribunaux différents d’Alger.

Le tribunal de Sidi M’hamed, le plus important de la capitale, a prononcé le 12 novembre des peines de six mois de prison ferme contre une trentaine d’accusés, jugés pour "atteinte à l’intégrité du territoire nationale" pour avoir porté des drapeaux amazigh.

Le lendemain, le tribunal de Bab el Oued a acquitté cinq accusés du même chef pour les mêmes faits, un verdict similaire à ceux prononcés en province dans des dossiers du même type, les tribunaux estimant qu’aucune loi n’interdit le port d’un tel drapeau et que "l’atteinte à l’intégrité du territoire" n’est pas constituée.

Les avocats ont quitté la salle d’audience sous les applaudissements de l’assistance, proches des accusés ou militants politiques, qui ont entonné l’hymne national.

Après le départ des avocats de la salle, le juge a indiqué que "l’audience et le procès allaient se poursuivre".

Le Parquet a réclamé la même peine pour tous les accusés "deux ans de prison ferme et 100.000 dinars (environ 750 euros) d’amende".

Faute de plaidoiries, le juge a ensuite laissé le dernier mot aux accusés qui ont tous réclamé leur acquittement.

Le verdict sera rendu le 25 novembre, a annoncé le magistrat.

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