Alexandre Benalla reconnaît avoir commis « une grosse bêtise » et dénonce « une volonté d’atteindre » Macron (presse)

Alexandre Benalla, l’ex-collaborateur de l’Élysée au coeur d’un scandale qui touche l’exécutif, admet dans une interview au Monde jeudi avoir "commis une faute" tout en dénonçant "une volonté d’atteindre" le président français Emmanuel Macron.

Le 18 juillet dernier, Le Monde avait été à l’origine de la révélation de cette affaire après avoir identifié Benalla sur une vidéo amateur le montrant portant un brassard et un casque de police et entouré de CRS, frapper un jeune homme et malmener une jeune femme sur une place de la capitale en marge des manifestations de la fête du travail.

Cet ex-collaborateur, qui était en charge des questions de sécurité, avait été autorisé à assister au sein du dispositif policier au maintien de l’ordre ce jour-là, mais en tant que simple observateur, ce qui contraste avec les images prises de lui en train de commettre des actes de violence à l’endroit des deux jeunes gens.

"Je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise", a affirmé Benalla, mis en examen dimanche pour, notamment, "violences en réunion" et "immixtion dans l’exercice d’une fonction publique".

Selon lui, cette affaire "est une façon d’attraper le président de la République par le colbac. J’étais le point d’entrée pour l’atteindre, le maillon faible".

"On a essayé de m’atteindre, de me tuer, et c’était l’opportunité aussi d’atteindre le président de la République", considère Benalla en soutenant que "des politiques et des policiers" qu’il ne nomme pas sont à l’origine des informations parues le 18 juillet dans le quotidien, à l’origine de la tempête politico-judiciaire la plus grave depuis le début de quinquennat.

L’affaire Benalla a depuis la semaine dernière entraîné l’ouverture de plusieurs enquêtes : judiciaire, de la police des polices et des deux chambres du parlement (Assemblée nationale et Sénat).

Les questions s’articulent autour du rôle et des prérogatives de M. Benalla à l’Élysée, des responsabilités des uns et des autres ainsi que de la sanction discrète dont l’intéressé avait fait l’objet pour ses agissements du 1er mai (15 jours de mise à pied sans salaire) sans que les faits ne soient signalés à la justice.

Jeudi, le président Macron a reproché aux médias d’avoir "dit beaucoup de bêtises" sur l’affaire Benalla, en marge d’un bain de foule à Bagnères-de-Bigorre, dans le sud-ouest de la France.

"J’ai vu ces derniers jours beaucoup de gens perdre la raison avec des réactions disproportionnées et avec une violence….", a regretté M. Macron en fustigeant la recherche d’"un procès politique sur la base d’une affaire qui est triste mais qui est l’affaire d’un homme".

Alexandre Benalla "a fait une faute réelle, grave, que j’ai vécu comme une trahison. Il a été sanctionné pour cette faute. Il a ensuite repris son travail conformément à cette sanction. Quand il a fait une deuxième faute il a été sanctionné plus durement, par un licenciement", a rappelé le chef de l’Etat français.

Le président Macron s’est défendu aussi d’avoir dissimulé les événements du 1er-Mai, tout en appelant au calme après une semaine d’"emballement" et de "frénésie" qui ont "conduit à laisser s’installer des contrevérités".

"Il y a beaucoup de gens qui ont perdu la raison, qui disent beaucoup de choses fausses, qui oublient de les corriger", a-t-il déploré.

"L’Elysée n’a jamais rien caché", a souligné le chef de l’Etat français en répondant pour la première fois à des journalistes sur le sujet.

A la suite des révélations du Monde, la justice a ouvert une enquête préliminaire puis une information judiciaire qui a entraîné la mise en examen d’Alexandre Benalla et de quatre autres personnes, dont deux commissaires et un contrôleur général de la préfecture de police, soupçonnés d’avoir transmis à Benalla des images de vidéosurveillance.

Mardi, le président Macron avait déclaré devant les parlementaires de son parti, être «seul responsable» dans l’affaire Benalla, en affirmant rejeter la "République des fusibles", qui consisterait à désigner un fautif et à le pousser à la démission.

Pour sa part, le premier ministre, Edouard Philippe, avait souligné, le même jour, lors de la séance des questions orales à l’Assemblée nationale, que l’affaire Benalla "est une dérive individuelle" et non "une affaire d’Etat", comme le laisserait à penser l’opposition.

M. Philippe a appelé, par la même, à "éviter toutes les confusions", en soulignant que l’hémicycle ne doit pas être "un tribunal".

Le groupe Les Républicains (LR-droite-opposition) à l’Assemblée nationale avait fait savoir quelques heures auparavant qu’il allait déposer une motion de censure contre le gouvernement à la suite de l’affaire Benalla.

Les observateurs considèrent cependant que cette motion n’a pratiquement aucune chance d’être adoptée eu égard à la majorité confortable dont dispose le parti présidentiel au sein de l’Assemblée nationale.

L’affaire Benalla a, en tout cas, pris une proportion telle que le gouvernement français a annoncé, dès dimanche, la suspension de l’examen par l’Assemblée nationale du projet de révision constitutionnelle du fait de la paralysie que connaissent ses travaux depuis jeudi dernier.

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