À François Baroin de lui répondre. Le ministre du Bugdet défend sans détour son prédécesseur à Bercy, Éric Woerth. "Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Est-ce que vous vous rendez compte du mal que vous faites à la démocratie et que vous êtes en train de tracer le sillon des extrêmes ?" lance Baroin, virulent. "Comment vous pouvez jeter l’anathème sur les uns et sur les autres, sans preuves, en additionnant les tweets, les blogs, les gens qui règlent des comptes, les opposants politiques qui ne partagent même pas vos valeurs ?" poursuit-il sous les applaudissements nourris des députés UMP, debout comme un seul homme.
"Ne faites pas le jeu de l’extrême droite !" (Baroin au PS)
"Alors, je vous en conjure, au nom d’une certaine idée que nous avons en partage de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l’extrême droite !" lance en conclusion le ministre du Budget, avant de se rasseoir. À peine ce dernier a-t-il rejoint son siège que les députés de l’opposition font l’inverse. Quasiment tous se lèvent – à l’exception notoire de Jack Lang – et quittent l’hémicycle en signe de désapprobation. "C’est une honte !" entend-on des rangs de la gauche.
Les parlementaires socialistes ne tardent pas à expliquer leur geste. Ainsi, Jean Glavany, un des députés restés dans l’enceinte de l’Assemblée, répond à François Baroin avant de poser une autre question. "Le populisme ne se nourrit pas de certaines dénonciations, il se nourrit de certaines pratiques", avance l’ancien ministre de l’Agriculture de Lionel Jospin. Pendant ce temps-là, dans les couloirs du Palais-Bourbon, les députés PS ne cachent pas leur colère après l’intervention de François Baroin. Le premier d’entre eux, Jean-Marc Ayrault, demande des "explications" au gouvernement, qui "est en réelle difficulté" selon lui. Le patron des députés PS parle même d’une "crise politique". Même avis pour Aurélie Filippetti : "le gouvernement est à court d’arguments". "Nicolas Sarkozy doit s’expliquer sur les mécanismes de financement qui ont été mis en place pendant sa campagne en 2007", prévient l’élue de Moselle.
Le député de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg prend de son côté Nicolas Sarkozy au mot, affirmant combattre également pour une "République irréprochable", un concept de campagne de l’UMP, remis au goût du jour par le chef de l’État au lendemain des démissions de Joyandet et Blanc. "Tant qu’il n’y aura pas d’enquête indépendante, on considérera que le pouvoir cherche à esquiver toute réponse", explique Arnaud Montebourg, concluant sèchement : "Nous n’acceptons pas d’être accusés de faire le jeu de l’extrême droite alors qu’on fait notre travail de député."
Le Point