Soulignant l’ancienneté de la présence des musulmans en France, le recteur Dalil Boubaker a expliqué le terme "charia" – "c’est simplement la règle, la loi" a-t-il dit lors d’une conférence de presse -, réaffirmant son attachement à la liberté d’expresson.
Une enquête a été ouverte sur les circonstances de cet incendie criminel et aucune piste n’est pour l’instant privilégiée.
Abderrahmane Dahmane, ex-conseiller à l’Elysée chargé de la diversité qui avait vivement critiqué en son temps le débat sur l’islam et la laïcité, a dit pour sa part ne pas avoir été choqué par la "Une" de "Charia Hebdo".
"On a de l’humour au sein de l’islam (…) ce qu’on dit sur le prophète, ce qu’on dit sur l’islam entre nous et quand il y a des imams, c’est pire que ce qu’a écrit Charlie Hebdo", a ajouté le conseiller de la mosquée de Paris, suggérant même que, si la Mosquée disposait de plus de place, elle aurait très bien pu héberger les journalistes de Charlie Hebdo, qui ont trouvé refuge mercredi chez Libération.
Pour Abdallah Zekri, président de l’observatoire des actes islamophobes au Conseil français du culte musulman (CFCM), "Tant que les criminels, ceux qui ont commis cet acte, ne sont pas identifiés, il faudrait arrêter de fantasmer sur l’Islam et sur les musulmans."
Une position partagée par Abderrahmane Dahmane,"C’est la première que nous vivons dans la cinquième république une situation catastrophique. Pourquoi aujourd’hui les uns et les autres veulent remettre en cause l’intégration de plus de sept millions de musulmans au motif que deux crétins s’attaquent à la presse ?", s’est-il interrogé.
« Il y a des milliers de musulmans, professeurs, médecins, fonctionnaires, qui n’ont jamais remis en cause ni la laïcité ni les valeurs de la république. Sauf qu’à vouloir courir derrière l’extrême droit, on stigmatise notre communauté. Nous l’avons refusé » au moment du débat sur l’islam et la laïcité organisé par l’UMP (parti majoritaire).
« Nous refusons (aussi) ce faux printemps arabe. Avant de dire printemps ou démocratie, faut-il encore connaître le programme de ces pseudo-révolutionnaires. Ils sont reçus ici en France. Il n’est pas question de nous assimiler à des gens qui croient faire un printemps arabe alors que nous sommes entrés dans un hiver arabe. », a-t-il poursuivi
« Nous avons observé les résultats de ces printemps arabes (…) Les droits de l’homme et les droits des femmes ne sont pas encore proclamés dans ces pays », a ajouté Abderrahmane Dahmane.
Pour M. Dahmane, «Que les tenants de l’islamophobie ne s’attendent pas à ce qu’on aille voter pour eux. On ne va pas voter pour des gens qui stigmatisent les musulmans et je n’ai pas du tout l’intention de voter pour des gens qui nous stigmatisent. »
Abdallah Zekri se dit inquiet de la montée de l’islamophobie en France où, d’après, les plaintes déposées pour actes islamophobes ont augmenté de 22% entre le 1er janvier et le 30 septembre.
Selon lui, les chiffres réels s’élèvent à près de 55% sur les 9 mois derniers. « Vous ne trouvez pas effroyable la profanation de plus de 5oo tombes musulmanes », demande encore Abdallah Zekri, ajoutant qu’Aujourd’hui, on ne parle plus de l’immigration et de l’immigré qui vient manger le pain des Français mais de l’islam et des musulmans. »