Lors d’un rassemblement à Blida, à 50 km à l’ouest d’Alger, M. Benflis a évoqué "une situation insatisfaisante" dans les secteurs de la santé, l’éducation, la justice ainsi qu’en ce qui concerne les libertés.
"Celui qui ne peut pas gérer ne doit pas faire de reproches aux autres (…) 15 ans n’ont pas suffit aux réformes, et aujourd’hui ils réclament cinq autres années", a déclaré M. Benflis, en allusion à la candidature de M. Bouteflika, qui brigue un quatrième mandat.
"Ni les malades, ni les médecins ne sont satisfaits de l’état du secteur de la santé (…) les enseignants sont privés de tout et lorsqu’ils manifestent, la police les réprime", a-t-il ajouté devant près de 800 personnes.
Dès l’entrée de la ville de Blida, les partisans de M. Bouteflika et ceux de M. Benflis se concurrencent pour coller leurs affiches partout.
Ali Benflis, ancien magistrat et ancien ministre de la Justice, a consacré une grande partie de son discours à la justice.
"Les juges ont les mains liées et sont soumis au pouvoir exécutif, de la nomination à la promotion jusqu’à la révocation", a-t-il déploré. "La justice n’est pas indépendante c’est pour cela qu’elle ne poursuit pas les corrompus".
Chef du gouvernement de 2000 à 2003, il a promis une nouvelle Constitution issue de négociations "qui pourraient durer une année entière" avec les différents acteurs politiques, ainsi qu’un "gouvernement d’union nationale".
La nouvelle Constitution qu’il propose englobera un large volet relatif aux "libertés syndicales et politiques", donnera une plus grande indépendance à la justice, et fera du Parlement un outil de contrôle qui "fera peur au gouvernement".
Il a également assuré qu’il permettrait aux policiers de créer leur syndicat, à la seule condition "qu’ils n’aient pas le droit de recourir à la grève".
La campagne électorale lancée dimanche se poursuivra jusqu’au 13 avril pour les six candidats en lice. Le président sortant, favori mais amoindri par un AVC, sera absent de cette campagne.
Non loin du rassemblement de M. Benflis, le directeur de campagne de M. Bouteflika, Abdelmalek Sellal, a organisé un meeting de partisans du président sortant dans cette ville qui a connu "les assassinats et la trahison durant les années 90".
"Blida a retrouvé la sécurité grâce au travail du président", a déclaré M. Sella en référence à la réconciliation nationale qui a mis fin à dix ans de guerre civile (1992-2002).
M. Sellal a dragué l’électorat islamiste en évoquant le "cheikh Mahfoud Nahnah qui a soutenu le président pour éteindre le feu de la sédition". Originaire de Blida, Mahfoud Nahnah, mort en 2003, avait fondé le Mouvement de la société pour la paix (MSP), intégré à l’alliance présidentielle jusque 2012 avant d’appeler au boycott de l’élection présidentielle.