Cette décision n’est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat d’un intense travail de lobbying mené depuis longtemps par la machine diplomatique algérienne qui prend les séparatistes du Polisario comme un faux nez à son éternelle hostilité anti-marocaine. Et s’il s’agit d’un signal extrêmement dangereux qui nécessite de la part du Maroc une grande mobilisation de son appareil diplomatique. Il ne signe nullement la fin de l’histoire. Après Federica Mogherini, la ministre des Affaires étrangères et de sécurité de l’Union européenne, la France fut la première à réagir et à qualifier ce qui peut s’apparenter à une grande crise entre Rabat et Bruxelles. Elle estime "qu’il s’agit d’une décision en première instance, qui peut donc faire l’objet d’un recours. La France est favorable à ce que le conseil de l’Union européenne forme un pourvoi à l’encontre de cette décision."
La réaction de Frederica Mogherini, qui avait tenté de rassurer le Maroc en disant que les institutions européennes sont en train d’examiner l’arrêt du tribunal pour voir les options de faire appel, est un signe que cette affaire risque de connaître de nouveaux rebondissements … Il est impératif aujourd’hui que les institutions européennes harmonisent leurs positions diplomatiques avec les décisions de certains de leurs organismes juridiques. Et éviter ainsi d’avoir à gérer des contradictions flagrantes susceptibles non seulement de jeter du discrédit sur son approche mais aussi porter atteinte à ses intérêts … En clair, les Etats de l’UE ne peuvent continuer à considérer le Maroc comme un allié stratégique et incontournable dans la sécurité et la stabilité de l’ensemble de la région et continuer à tolérer des actes et des postures dont le but est de fragiliser ses positions et de remettre en cause ses intérêts. Pour être cohérente avec son agenda, sa philosophie et ses propres intérêts, l’UE doit cesser d’être perméable à tous les actes hostiles contre son précieux allié, le Maroc, sous peine d’entonner une symphonie de messages antagonistes qui participerait à affaiblir ses alliances dans un contexte régional incertain.
De l’avis de nombreux observateurs, cette décision de la Cour de justice européenne pose un grand défi pour la diplomatie marocaine. Elle doit d’autant plus réagir avec subtilité que cette position de la Cour ne reflète pas du tout la position de l’union européenne ni de ses pays les plus influents sur la question du Sahara.Tous semblent aller dans le sens de soutenir la solution préconisée par le Maroc à savoir une large autonomie dans le cadre d’une régionalisation avancée. Pour le Maroc, il s’agit de réagir avec fermeté sans courir le risque de braquer. Des voix proposent que le Maroc réévaluent l’ensemble de sa coopération avec L »Union Européenne et réévaluer son dialogue stratégique. Cela pourrait constituer une piste. D’autres y voient l’occasion de lancer une grande campagne de lobbying et de pédagogie sur le droit inaliénable du Maroc sur ses territoires. Un mélange des deux paraît convenir à cette séquence où les adversaires du Maroc ne ménagent aucun moyen pour porter atteinte à sec intérêts et son unité. Sans aucun doute à tout malheur quelque chose de bon. L’heure de vérité pour les amis et les alliés du Maroc de monter au créneau a sonné et l’heure est venue pour le Maroc de dire à haute voix sa vérité et de trancher définitivement un conflit artificiel qui dure depuis quarante ans.