Bernard Cazeneuve face au casse-tête de l’Islam de France
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve lance le lundi 15 juin l' »Instance de dialogue » avec l’islam. 150 membres composeront cette instance qui va tenter de trouver des réponses aux problématiques liées à la gestion de l’islam de France.
Par Mustapha Tossa
A cette époque s’est posée avec une grande acuité la question de l’encadrement religieux des musulmans de France et la capacité des structures existantes à résister aux discours religieux radicaux en provenance de Daech et d’Al Qaida. La république s’est rendue compte à cette occasion avec quelle facilité les laveurs de cerveaux pouvaient se balader librement dans les mosquées de France et se livrer à ce travail d’embrigadement qui a abouti à produire des frères Kouachi et de Merah.
Le constat et le diagnostic fait par le ministère de l’Intérieur sont terribles pour le fameux Conseil Français du culte musulman, le CFCM. Il lui est reproché en des termes à peine voilés sa non-représentativité, son manque d’efficacité et des antagonismes chroniques. Le CFCM, création de Nicolas Sarkozy, semble à bout de souffle. La stratégie de Bernard Cazeneuve est de contourner cette paralysie par le biais de la création d’une Instance du dialogue avec l’islam.
Même si Bernard Cazeneuve ne rate aucune occasion pour rassurer les membres du CFCM en leur disant que rien ne se fera sans eux, la messe semble être dite en termes de crédibilité et d’efficacité. Il est aujourd’hui question de revoir l’ensemble des structures, leurs dynamiques et leur manière de fonctionner. Cela ressemblera a un travail d’Hercule, tant les résistances sont lourdes, tant les influences étrangères sont grandes.
L’Islam de France ou l’Islam en France avec ses multiples chantiers encore ouverts, a toujours été un terrain d’influence pour puissances étrangères. Pour que Bernard Cazeneuve puisse innover en la matière, il lui faut avoir la capacité de couper le cordon ombilical qui lie les structures de l’islam de France avec certains pays étrangers qui ne sont pas les chantres d’un islam modéré . Ce défi existe. Le ministre de l’Intérieur français fait mine de l’ignorer mais il est convaincu que rien d’efficace ne sera entrepris dans ce domaine tant que cette question d’allégeance et d’influence ne sera pas politiquement traitée.