Recherche « camarades blancs » désespérément
Arabes, Turcs, Surinamais ou Marocains… L’école primaire Catharina d’Amsterdam compte peu de Néerlandais de souche. Dans l’espoir de favoriser l’intégration, parents, professeurs et élèves ont arpenté vendredi les rues de ce quartier mixte de la capitale dans l’espoir d’attirer des « camarades blancs ».
"Copines depuis la naissance", les deux fillettes "veulent plus d’enfants blancs dans l’école pour apprendre chacun de nos cultures respectives", affirme Aminata, tresses africaines et sourire étincelant.
"C’est important pour plus tard", renchérit la blonde Annelies: "Quand nous serons adultes, nous serons confrontés à des cultures différentes, nous devons apprendre à vivre ensemble dès maintenant".
"Pour le moment, il n’y a qu’un seul enfant dans notre classe qui est Néerlandais à 100%, alors que nous vivons dans un quartier mixte, c’est ridicule", s’exclame-t-elle.
90% des élèves d’origine étrangère
L’école Catharina et sa voisine Avonturijn, qui participe également à l’action, sont des écoles dites "noires" dans des quartiers où cohabitent Néerlandais de souche et d’origine étrangère. Dans ces écoles, plus de 90% des élèves sont d’origine étrangère et le nombre d’inscrits est en baisse continue.
"Lorsque, pour des raisons multiples, une école se "noircit", il est très difficile d’inverser la tendance", assure Diane Middelkoop, porte-parole du groupe scolaire gérant les deux écoles. "Les parents d’enfants blancs ne veulent plus faire partie de cette école. Je peux comprendre: nous voulons tous nous sentir chez soi et cela implique que nous cherchons à fréquenter des gens de notre origine et de notre culture", assure-t-elle.
C’est du racisme, j’ai honte
Pour certains, cela évoque un racisme rampant dans la société néerlandaise. "J’ai honte que nous en soyons arrivés là, que ces enfants doivent descendre dans la rue pour pouvoir être à l’école avec des enfants blancs", s’exclame, les larmes aux yeux, une voisine. Joan, 81 ans, est dure contre ces parents qui choisissent des écoles dans d’autres quartiers afin d’éviter ces "écoles noires", comme les surnomment les médias néerlandais.
"C’est du racisme, et j’ai honte. Il y a toujours eu des soupçons de discrimination dans ce pays, mais aujourd’hui ça devient grave. Il faut que ça s’arrête", assure-t-elle.
À l’autre bout de la rue, un fleuriste en place depuis 50 ans avance une autre explication au manque d’effectif de l’école, où son fils est scolarisé. "De plus en plus de familles déménagent, et font place à des étudiants: le problème est simplement qu’il ne reste plus beaucoup d’enfants", assure Wim Barlag : "il n’y a pas de racisme ici".
Tensions régulières
Les élèves sont partis distribuer leurs dépliants dans une course effrénée, ce qui n’a pas laissé de marbre les habitants de la capitale d’un pays qui se targue de sa tolérance mais où tensions et discriminations raciales sont de plus en plus régulières.
Des mamans essayent de suivre le rythme imposé. "Je veux que mes enfants puissent s’intégrer dans la culture néerlandaise et apprendre à connaître d’autres cultures que la leur", témoigne Majda Khatibi, 35 ans, femme au foyer.
Pour s’intégrer aux Pays-Bas, les autorités demandent aux étrangers de "participer à la société néerlandaise, en travaillant ou en étudiant". Une fois la langue maîtrisée, ils doivent passer un test d’intégration. Le député anti-Islam Geert Wilders, en particulier, reproche aux immigrants de ne pas chercher à s’intégrer.
De porte en porte, les enfants continuent de chanter: "ne pense pas noir, ne pense pas blanc, ne pense pas noir et blanc : pense les couleurs de ton coeur".