La France en Afrique, une « image brouillée » et une politique qui « reste à inventer » (rapport parlementaire)
Dans un rapport, voté par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, les députés Jean-Claude Guibal (UMP, opposition de droite) et Philippe Baumel (PS, majorité socialiste), dressent un bilan critique de la politique africaine de la France, qualifiée de sans stratégie et de sans vision. Et de s’interroger : « En quoi notre politique africaine a-t-elle répondu aux objectifs de développement et de stabilité de nos partenaires d’Afrique francophone ? ».
Pour Guibal et Baumel, "Au-delà des réactions en urgence, des interventions militaires -avant-hier en Côte d’Ivoire, hier au Mali, aujourd’hui en Centrafrique, demain sans doute ailleurs-‘, l’ambition de la France vis-à-vis de ce continent "reste à définir".
Selon le rapport, l’engagement militaire de la France est tout à son honneur mais il a des limites : "la France ne peut intervenir partout, ni rester éternellement là où elle s’est engagée, ne serait-ce que parce ses propres capacités sont restreintes". D’autant que ces interventions " ne sont pas suffisantes pour rétablir des conditions de stabilité durable", écrivent les deux auteurs.
Critiquant une politique "qui réagit plus qu’elle n’anticipe", le rapport pointe une aide au développement "sur une pente descendante". Cette aide de 8,5 milliards d’euros est "en diminution constante depuis 2011"», relèvent-ils, indiquant que "seule une politique de développement efficace peut contribuer à une stabilisation durable du
continent africain".
Le rapport plaide pour un "rééquilibrage qui permette à la France de se désengager militairement du continent africain en plaçant l’aide au développement au cœur de sa politique africaine". Pour les deux députés, ce rééquilibrage doit aussi permettre à la France de se repositionner et de rétablir une image qui est "aujourd’hui brouillée" et "quelque peu ternie".
Sur le plan économique, le constat est aussi sévère. Selon le rapport, la France perd des parts de marchés en Afrique subsaharienne au profit de pays émergents et d’autres pays.
"Il est d’autant plus important de soutenir nos entreprises qui ont tendance à perdre des parts de marché que les pays africains sont fortement demandeurs d’investissements (…)", notent les deux députés, ajoutant qu’ "il y a longtemps que la France n’a plus de chasse gardée sur aucun des territoires qu’elle considérait comme tels naguère encore".