Mohammed VI, une passion d’Afrique
Après la Tanzanie, l’Ethiopie et Madagascar, le Roi Mohammed VI est actuellement en visite officielle au Nigeria. Décryptage:
Par Mustapha Tossa
Et pour bien expliquer et distinguer cette démarche, Mohammed VI l’explique de manière claire : "Au cours de mes visites en Afrique ou à travers les projets que j’y initie, il ne s’agit nullement de donner des leçons. Je propose plutôt que nous partagions nos expériences". Cette posture d’humilité marocaine et d’intérêts partagés tranche avec les assauts de prédations et de manipulations auxquelles les économies africaines étaient traditionnellement exposées. Un des grands ressorts qui expliquent le succès de ces tournées royales réside dans ce sentiment africain profondément ancré que le Maroc se répand en Afrique de l’Est comme celle de l’Ouest comme un vrai partenaire politique et économique.
Ce riche déploiement diplomatique marocain sur le continent africain s’accompagne avec une volonté marocaine de reprendre son siège au sein de l’Union africaine et qui implique une action active à l’encontre des pays africains qui ont été abusés en accordant leur reconnaissance au mouvement séparatiste du Polisario. Démarche qui enthousiasme autant ses amis, conscients que l’apport marocain à la famille africaine sur le plan économique, politique et religieux est inestimable, qu’elle dérange ses détracteurs, subitement pris de panique par le retour du Maroc. A leur tête, L’Algérie qui voit dans la stratégie marocaine une dangereuse remise en cause de ses mythes, comme celui de chercher à affaiblir son voisin pour pourvoir assouvir ses fantasmes de leadership.
Pour contrer les marocains, la diplomatique algérienne utilise ses derniers cartouches comme semble le montrer "les manœuvres d’obstruction" de la patronne de l’Union Africaine. But affiché : empêcher l’intégration du Maroc sein de l’UA.
Sur un plan économique, L’Algérie organise un forum africain d’investissement et d’affaires, le premier de son genre comme si le pays vient de découvrir brusquement la nécessité investir en Afrique et d’établir des accords de coopération entre les opérateurs africains. Sur le plan politique et diplomatique, l’Algérie profite aussi de la crise ouverte entre l’Egypte de Abdelfatah Sissi et les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite pour embrigader la diplomatie égyptienne dans ses desseins hostiles au Maroc. Ce qui éclaire d’un nouveau jour pour quelle raison la diplomatie égyptienne est sortie de sa neutralité, voire de son soutien à la position marocaine pour embrasser celle des séparatistes du Polisario au point de leur dérouler le tapis rouge et d’adopter leur rhétorique hostile à l’unité du Royaume.
Tout en intégrant dans ces paramètres cette hostilité algérienne prévisible, Mohammed VI commente cette situation en des termes sereins : "Je sais que la présence marocaine en Afrique et particulièrement la tournée que j’effectue en ce moment déplaisent à certains (… ) Tous les pays, amis de longue date ou amis nouveaux, notamment en Afrique de l’Est, sont unanimes à soutenir la réintégration du Maroc à l’UA".
Pour contrecarrer l’influence néfaste de ses détracteurs qui n’ont pour seuls moteurs que la haine et la jalousie, Le Maroc a plusieurs cordes dans son arc. Des cartes gagnantes destinés à lui procurer les succès espéré. En plus de l’influence religieuse qu’incarne Mohammed VI, en tant que commandeur des croyants, qui vise à pacifier les esprits tourmenté et à lutter contre toutes formes de radicalité, le Maroc dispose de l’atout économique pour donner à cette passion africaine du Maroc des assises rationnelles censées l’inscrire dans la durée. Les multiples accords économiques et les différentes conventions de coopération que le Maroc signe avec ces pays africains sont autant de liens pour donner à la présence marocaine en terre africaine une dimension d’irréversibilité.