"Je ne veux pas polémiquer avec M. Obama, dont chacun sait que l’action n’est pas son fort", affirme l’ex-chef de l’Etat français dans cet entretien réalisé vendredi à Abidjan.
"M. Obama avait dit +A la minute où Bachar al-Assad emploie des armes chimiques nous interviendrons+. Bachar al-Assad a employé des armes chimiques, ils ne sont pas intervenus. Quand on fixe des limites, qu’elles sont franchies et qu’on ne fait rien après, ce n’est pas bon signe", a-t-il déploré.
Des déclarations en forme de réplique à l’entretien publié jeudi par le magazine The Atlantic, où M. Obama est revenu sur les conditions dans lesquelles une coalition conduite par la France et la Grande-Bretagne – relayée par la suite par l’Otan – a mené en 2011 des raids aériens en Libye qui ont conduit à la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
"Lorsque je me demande pourquoi cela a mal tourné, je réalise que j’étais convaincu que les Européens – étant donné la proximité de la Libye – seraient plus impliqués dans le suivi", affirme M. Obama dans cet entretien, mettant en cause Nicolas Sarkozy, qui "voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes".
"Les avions français sont rentrés les premiers dans le ciel libyen et au bout de huit jours, M. Obama a décidé de retirer l’armée américaine et a conceptualisé cette fameuse théorie: +Leading from behind+, le leaderschip de l’arrière (…) Vous savez, le leadership de l’arrière, ça n’existe pas", a ironisé M. Sarkozy.
"On est leader ou on n’est pas leader. Quand on est leader, on conduit une opération", a-t-il poursuivi, opposant au président américain sa secrétaire d’Etat de l’époque et candidate à sa succession, Hillary Clinton, "qui a été courageuse, forte et qui a soutenu notre intervention, comme d’ailleurs M. Cameron".
Le Premier ministre britannique David Cameron est lui aussi critiqué dans l’entretien de M. Obama, qui affirme qu’il avait été "distrait" dans le suivi du conflit libyen.