Guerre d’Algérie: Hollande tente d’apaiser la polémique autour d’une commémoration

Le président François Hollande a justifié samedi son choix de commémorer le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie pour rendre hommage aux victimes de ce conflit en expliquant que cette date ne marquait "pas encore la paix" mais "le début de la sortie de la guerre".

Cette date fait polémique parmi les anciens protagonistes de la guerre d’Algérie.

Décrété au lendemain des accords d’Evian qui ont posé les jalons de l’indépendance de cette ancienne colonie française (1830-1962), ce cessez-le-feu reste une blessure pour les "pieds-noirs", les Français rapatriés d’Algérie, et les harkis, les Algériens anciens supplétifs de l’armée française, qui y voient le début de leurs souffrances.

Après les accords d’Evian le 18 mars, 55.000 à 75.000 harkis ont, selon les historiens, été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles. Quelque 60.000 ont été admis en France. Aujourd’hui, avec leurs descendants, ils représentent quelque 500.000 personnes en France.

La date retenue crispe aussi l’opposition de droite, qui compte de nombreux électeurs dans la communauté des pieds-noirs. Contrainte à l’exil à partir de 1962, cette communauté représente aujourd’hui un million de personnes.

"Le 19 mars 1962 ce n’était pas encore la paix, c’était le début de la sortie de la guerre, dont l’histoire nous apprend qu’elle est bien souvent la source de violence, ce qui fut tragiquement le cas en Algérie avec des représailles, des vengeances, des attentats, des massacres", a argué le président de la République devant le mémorial aux victimes de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

Pour M. Hollande, même "s’il y a une plaie qui ne s’est jamais vraiment refermée", il s’agit aujourd’hui de "convoquer l’histoire, non pas pour nous diviser mais pour nous réunir".

Le 19 mars, c’est la date de notre massacre", a déclaré à l’AFP Hocine Louanchi, coordinateur du Rassemblement militant de la cause harkie. "François Hollande a voulu nous insulter" en commémorant cette date pour la première fois.

Entre 150 et 200 harkis se sont réunis samedi devant le mémorial du camp de Rivesaltes (sud) où plus de 20.000 harkis avaient été enfermés dans des conditions insalubres après la guerre d’Algérie.

Les harkis réclament que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité "dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées dans des camps en France".

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