Voile: Gabart fait voler en éclats le record du tour du monde en solitaire
Inimaginable il y a un an ! Et pourtant, le navigateur François Gabart (Macif) a réussi dimanche un prodigieux exploit à sa toute première tentative en pulvérisant le record du tour du monde en solitaire en 42 jours.
C’est à 02h45 heure française (01H45 GMT) qu’il a coupé la ligne virtuelle entre l’île d’Ouessant (ouest de la France) et le cap Lizard (sud de l’Angleterre) pour arrêter le compteur à 42 j 16 h 40 min.
Quelques minutes plus tard, le skipper a envoyé une vidéo, en mode selfie, pour partager le moment où il a franchi, seul, la ligne.
Une lampe frontale, une nuit noire, les traits tirés, Gabart montre l’écran de son ordinateur.
"Le petit bleu c’est nous, la ligne rouge c’est l’arrivée. On devrait couper incessamment sous peu, 30 secondes dit la machine…. Je crois que c’est bon. Voilà", dit simplement Gabart, en essuyant ses yeux.
"Je viens de couper la ligne d’arrivée, c’est assez fou, c’est assez irréel, je suis un peu abasourdi", a-t-il déclaré par la suite, se disant "fier et heureux d’avoir fait ce joli voyage autour de la planète".
‘Magistral’
Gabart a mis ensuite de longues heures pour venir amarrer son bateau géant dans le port de Brest où il a été chaleureusement accueilli vers 11h00 par des centaines de personnes.
"C’est un record fabuleux, c’est le plus beau record en solitaire depuis toujours, c’est magnifique, c’est un exploit inhumain presque", a réagi auprès de l’AFP Françoise Breton, une Brestoise de 68 ans venue assister à son arrivée quai Malbert.
"Ça fait plus de 40 jours que je suis tout seul sur ce bateau et puis là en quelques secondes je me retrouve avec tout ce monde…", a constaté le marin à son arrivée, faisant état par ailleurs de sa grande fatigue. "Ça a été dur, j’ai été à la limite tout le temps", a-t-il avoué. "J’ai mal partout, ça fait des semaines que j’ai mal partout, que je dors pas, cette nuit j’ai pas dormi, j’en peux plus quoi…", a-t-il dit les larmes aux yeux.
Le marin a été félicité par le président français Emmanuel Macron via un tweet: Quel exploit @francoisgabart ! Toutes mes félicitations pour cette performance exceptionnelle !"
Parti le 4 novembre, Gabart a réussi un coup de maître à sa toute première tentative et son premier tour du monde en multicoque. A bord de son bateau nouvelle génération, un maxi-trimaran (30 m de long et 21 m de large, catégorie Ultim) mis à l’eau à l’été 2015, il a filé sur les mers du globe à des vitesses hallucinantes.
"Ce que François réalise par rapport à moi est plus magistral parce que François ne dose pas pendant le tour du monde, il n’a pas la pression d’avoir déjà cassé parce que c’est la première fois qu’il tente, il est encore le pied au plancher. C’est magistral et pur", a dit Coville, qui avait battu le record à sa 5e tentative, après l’avoir chassé pendant 10 ans et avec un bateau beaucoup plus ancien.
‘Un passeur’
Gabart avait déjà enlevé en 2013 la course mythique autour du monde en monocoque, le Vendée Globe, à sa première participation.
A peine avait-il gagné le Vendée Globe que cet ingénieur de formation, qui rêvait de devenir météorologue, s’était déjà projeté sur son nouveau bateau, conçu pour la navigation en solitaire et avec lequel il entendait aller le plus vite possible.
En 2015, il a remporté la Transat Jacques-Vabre en double, en 2016 la Transat anglaise et en juillet dernier The Bridge.
Pour Christian Le Pape, directeur du pôle course au large à Port-la-Forêt (Finistère) où vit Gabart, le skipper a relié 2 mondes séparés de la course au large: la compétition et les records.
Avant Gabart, aucun des 3 marins ayant réalisé un record du tour du monde en solitaire sans escale – Francis Joyon en 2004 et 2008, la Britannique Ellen MacArthur en 2005 et Coville en 2016 – n’avait remporté de course autour du monde.
Ce père de 2 garçons va mettre son bateau en chantier pendant quelques mois pour le rendre encore plus performant, avec en ligne de mire la première course autour du monde des Ultim. Départ le 29 décembre 2019 à Brest. (afp)